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Le Blog de Michel Benoit
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Le Blog de Michel Benoit
23 juin 2014

Malaguar et François Mauriac

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« Chacun de nous est un désert : une oeuvre est toujours un cri dans le désert ».

A quelques kilomètres du village de Saint Macaire, au cœur des vignes du Sauternais, le Domaine de Malagar domine la vallée de la Garonne.

Il fut le lieu de villégiature de l’illustre romancier, prix Nobel de Littérature, Académicien, François Mauriac.

Le domaine appartenait déjà à la famille, du temps de l’arrière grand-père de l’écrivain et ce n’est pourtant qu’une fois adulte que François Mauriac occupe régulièrement les lieux.

En effet, fin 1926, il hérite de la propriété familiale de Malagar, une maison bourgeoise du XVIIIe siècle aux dimensions modestes, entourée de chaix et de communs. C’est là qu’entre 1927 et 1968, deux ans avant sa mort, il vient à Pâques et aux vendanges, Malagar dispose de 20 hectares de prairies et de vignes, habiter « cette pauvre maison déguisée en manoir ». « … Paysage le plus beau du monde, à mes yeux, palpitant, fraternel, seul à connaître ce que je sais, seul à se souvenir des visages détruits dont je ne parle plus à personne, et dont le vent, au crépuscule, après un jour torride, est le souffle vivant, chaud, d’une créature de Dieu. »

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Lieu d’inspiration « où les livres mûrissent en trois semaines », Malagar fournit à l’écrivain le cadre de trois ouvrages : « Le noeud de vipères », « La chair et le sang » et « Destins ».
C’est également à Malagar qu’il rédige, souvent sur ses genoux, deux cent cinquante chroniques de sa célèbre rubrique « Bloc-notes ». Malagar, enfin, le voit s’engager aux côtés des républicains espagnols de 1936, dénoncer la collaboration avec l’occupant nazi en 1940, et fustiger après-guerre les excès de la politique coloniale de la France.

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« Une merveilleuse histoire d’amour » : celle de François Mauriac pour une maison, un domaine, un paysage et, au-delà, une terre, la Guyenne, qui restera jusqu’au bout l’une des principales sources de son inspiration poétique et romanesque.

Havre de paix et de méditation, Malagar a été pour lui, comme l’écrit son fils Jean, « le lieu de l’immersion », où « toute lutte, tout parti pris, tout combat spirituel, toute indignation s’anéantissaient ». Un lieu de vie et d’écriture où Mauriac pouvait s’adonner sans réserve à son amour du silence et de la nature et renouer avec les horizons, les odeurs et les fantômes de son enfance. Tout séjour à Malagar était pour lui un enchantement, fait de nostalgie et de communion avec les souvenirs de sa jeunesse.

Avec une émotion et une tendresse souvent bouleversantes, son fils, Jean Mauriac évoque dans son livre « François Mauriac à Malagar » la figure d’un père qui, souvent lointain et distant à Paris, redevenait à Malagar plus proche des siens et complice de ses enfants. Il nous fait partager les rites et les bonheurs d’une vie de famille, mais aussi ses drames et ses secrets. Il y exprime enfin sa propre passion pour un lieu qui, aujourd’hui légué à la région Aquitaine, appartient désormais au seul patrimoine littéraire.

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Après donation des héritiers, le domaine est aujourd’hui la propriété du Conseil Régional d’Aquitaine. Il y a installé le Centre François Mauriac, dédié au souvenir de l’auteur et de son œuvre et bien sûr, à la promotion du site.  De nombreuses rencontres et animations littéraires ont lieu toute l’année à Malagar…

Le rez-de-chaussée de la maison se visite : il a été conservé tel que l’écrivain l’arpentait. L’on peut ainsi visiter son bureau, le grand salon et… la cuisine, typiquement girondine. L’ancien « Chais du rouge » a, quant à lui, été aménagé en salle d’exposition consacrée à la vie et à la production de l’auteur. Elle présente de nombreuses photos, objets personnels et des documents d’archives.

Lors de la visite, ne pas manquer  de se promener dans le parc du domaine et de Contempler le panorama offert depuis la terrasse, « gloire de Malagar » selon Mauriac… La Garonne, au creux de la vallée, serpente entre les coteaux ourlés de vignes, on aperçoit là-bas le clocher de Langon et plus loin encore, l’océan végétal de la forêt des Landes.

Le parc comprend aussi un superbe verger : figuiers, pommiers, poiriers ont bien du mal à s’épanouir dans cette terre pauvre. Elle convient bien mieux à la vigne, reine des lieux, le domaine de Malagar est situé aux confins de trois grands vignobles bordelais : Sauternes, Loupiac et Entre-deux-mer.

 

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