ITINERAIRE CARNET DE ROUTE
J'ai pris la route ce matin à l'aube, le soleil n'est encore présent mais Moussa m'assure que la journée sera chaude. Le car qui devait nous emmener vers le sud est en panne et nous avons du louer un 4/4 pour traverser le Mont Atlas afin de rejoindre Ouarzazate. Plus nous avançons et plus la fraîcheur nous pénètre. La végétation change vite et j'aperçois par-ci, par là, quelques maisons de bergers , isolées sur les pentes que nous gravissons avec beaucoup de difficultés compte tenu de l'état du véhicule. On m'avait pourtant assuré qu'il était en bon état ! Tant que la route monte, nous serons en sécurité relative mais après.... Un village composé de quelques pauvres maisons, peut-être abandonnées par leurs propriétaires, et bientôt le désert de pierres rouges. Nous sommes en haut du col du Tichca à 2260 mètres d'altitude. Un vieux camion Peugeot nous double sans mal, il est chargé de pierres blanches qu'il transportera jusqu'à la prochaine ville.
Nous amorçons la descente, sans filet, et je me surprend à penser que la vie est peu de chose et qu'elle peu s'arrêter là; tout net, à la sortie d'un virage mal amorçé. Ici, pas de rembardes de sécurité, pas de téléphone, rien, il n'y a rien, que cet espace de quelques centimètres qui nous sépare du gouffre et le ciel qui nous appelle à lui et qui semble nous protéger.
Il est tard lorsque nous arrivons enfin dans la demeure du cousin de Moussa. Celui-ci est meunier et c'est un notable du village. Il nous prépare sa meilleure chambre, des matelats disposés ici et là aux quatres coins de la pièce. L'odeur d'une tagine me rappelle que je n'ai pas mangé depuis ce matin. Le ciel se couvre brutalement et malgré la pénombre j'aperçois des nuages. Moussa m'annonce qu'il se pourrait que la nuit soit humide. Il en est ainsi de temps à autre dans cette région montagneuse et il n'est pas rare que la petite rivière en contrebas de la maison du meunier, où nous sommes installés, déborde de son lit et envahisse les terres avoisinantes. Après un bon repas, je m'endors comme une souche. Demain il fera jour et nous devrons quitter la montagne pour rejoindre le désert. Il est vingt deux heures.