Le 18 juin 1940 à Nevers Lucette, Georges, Yvonne et les autres…
Alors que les troupes allemandes ont envahi le territoire et organisent l’occupation du pays laquelle va durer quatre ans, un certain nombre de français – et parmi eux, Lucette et Georges Sallé – refusent la réalité et cherchent à se retrouver pour communiquer, agir et résister à l’occupant.
C’est le cas dans la Nièvre de Georges et Lucette Sallé en ce 18 juin 1940. »
L’allocution radiophonique du Général de Gaulle fait naître chez le couple un esprit de revanche et de combat qui ne les quittera pas.
Tous deux instituteurs à Nevers, ils refusent la défaite et la résistance à l’ennemi devient pour eux une raison de vivre et de survivre. Ils ne sont pas seuls à souhaiter ardemment résister à l’envahisseur, leur locataire et amie Yvonne L’Harridon – professeur d’anglais au collège de jeunes filles les rejoint bientôt dans une lutte de tous les instants.
Désormais, tous les trois s’adonnent à la distribution de tracts dans la ville ducale, dénonçant le gouvernement de Vichy et la collaboration du gouvernement Pétain avec l’occupant.
Fort de l’appui de ses collègues enseignants et de ses amis, Yvonne L’Harridon engrange chez elle de nombreux vêtements civils lesquels seront utilisés plus tard par les évadés du camp de Fourchambault. Le trio fait également passer la ligne de démarcation vers Apremont à de nombreux évadés.
A la fin de l’année, Lucette et Georges Sallé prennent contact avec le réseau Vengeance et deviennent agents de renseignements pour le compte des Corps Francs de la Nièvre.
En octobre 1942, ils seront chargés de sauver une famille juive, les Kamoun, et de les aider à franchir la zone libre, ce qu’ils feront avec succès en les cachant dans un wagon plombé.
Quelques mois plus tard, alors que les troupes allemandes subissent de multiples défaites sur le front de l’Est, Georges Sallé sera nommé responsable départemental du Réseau Vengeance et chargé de l’organisation des corps francs. Il s’entourera d’amis parmi lesquels Lucien Delance, « Serge » pour les régions de Guérigny, Saint-Benin-D’azy et Prémery, et Jean Lavenant pour le groupe Fer.
C’est alors qu’ils s’armeront et organiseront de petits groupes de résistants qui feront dérailler des trains à Tronsanges, feront sauter le central téléphonique de Pougues-les-Eaux, saboteront les compresseurs de Vauzelles et les transformateurs de Nevers-Vauzelles et attaqueront la mairie de Fourchambault.
Bravant tous les dangers, Georges Sallé, sous l’œil bienveillant de son épouse Lucette, ira, à son domicile, instruire les nouveaux venus et les former au maniement des armes.
La Gestapo enquête et finit par arrêter Marcel Baron, dénoncé par un agent double. Qu’importe, il y a longtemps que les époux Sallé ont choisi leur destin. Les parachutages venus de Londres se poursuivent jusqu’au 16 novembre 1943 où la Gestapo tente de coincer Georges Sallé à son domicile. Il n’y a aucun doute possible, Georges et Lucette ont été dénoncés ; les services de renseignements allemands ne possèdent-ils pas d’ailleurs les lieux et adresses de leur proche famille à Grenois ainsi que les plans des bâtiments leur appartenant… Lors de sa brève arrestation (il s’évadera en franchissant le mur au fond de son jardin), Georges aura d’ailleurs connaissance de lettres de dénonciation signées.
Alors qu’il est recueilli par des collègues instituteurs et s’apprête à connaître la clandestinité, changeant de domicile régulièrement au fil des mois, échappant ainsi à la Gestapo qui le poursuit avec acharnement, Lucette Sallé et Yvonne L’Harridon sont arrêtées.
Lucette Sallé sera emprisonnée puis transférée dans diverses prisons à Nevers, Moulin, Dijon et Romainville, dernière étape avant la déportation vers l’Allemagne, jusqu’à Ravensbrück enfin, où elle restera prisonnière près d’un an avant sa libération le 9 avril 1945.
Yvonne L’Harridon, demeurée à la prison de Moulin, « La mal coiffée », sera quant à elle, libérée début 1944.
Lucette Sallé, mourra à l’hôpital de Nevers, onze jours après son retour de déportation. Elle sera décorée à titre posthume de la médaille de la Résistance et recevra la Croix de Guerre avec médaille d’argent représentant la citation suivante : « Engagée au réseau Vengeance dès novembre 1942, en même temps que son mari dont elle fut agent de liaison, hébergea à son domicile de nombreux agents du réseau, faisant preuve jusqu’à son arrestation d’une bonne humeur, d’un entrain et dévouement incomparables. Arrêtée le 16 novembre 1943, ne parla pas au cours de ses interrogatoires. Déportée en Allemagne, subit sans faiblir une longue captivité dans les camps nazis. Rapatriée après la libération, elle est morte le 25 avril 1945 des suites de sa déportation après avoir jusqu’à la mort eu une conduite de grande patriote. »
La municipalité de Nevers, lui rendra hommage à son tour, en donnant son nom à une école maternelle et élémentaire du centre-ville.
Extrait " Les grands évènements du nivernais de 1900 à 2000
Editions de Borée 2009 Michel Benoit