Il y a des matins comme ça ...

Je me suis réveillé hier matin avec une drôle de sensation, en me levant de mon lit je me suis soudain rendu compte que j’avais deux pieds gauches. Autant vous dire que j’étais d’une humeur massacrante. Se lever du pied gauche n’est déjà pas vraiment bon signe pour l’entourage proche, mais de deux pieds gauches rendez-vous compte ! Pauvre Arthur (Pour ceux qui ne le savent pas, Arthur est le chat chez qui j’habite). 

En allumant la radio, j’ai soudain eu la certitude que ce que j’avais prédis, depuis le début du conflit concernant ce fameux débat sur la réforme des retraites, arrivait.

Un mauvais scénario en fait, du déjà vu, où tous les acteurs jouent leur rôle sans conviction et où seuls les figurants débauchés pour sillonner le pavé un jour ou deux par semaine semblent y croire encore.

Un pouvoir qui maîtrise parfaitement son sujet, entre compassion et répression, une opposition qui feint de s’insurger contre une réforme qu’elle clame injuste mais qui au fur et à mesure des jours, on le voit bien, déclare qu’on ne peut l’éviter, des syndicats qui jouent aussi leurs rôles légendaires en accompagnant cette réforme tout en catalysant le mécontentement grondant afin de mieux maîtriser les dangers de débordement du monde du travail qui n’en peut plus.

D’ici deux à trois jours, nous ne parlerons plus de cette réforme comme nous ne parlerons plus du nouveau parfum de Guerlain « Racisme », comme nous oublierons les queues devant les stations d’essence. De même, nous ne nous rappellerons pas non plus que 35% des allemands se sentent submergés par les émigrés et souhaitent leur départ, que le fichier concernant les roms existe bien et est utilisé par la police, que l’olympique de Marseille s’est qualifié timidement face à Zilina, et que Mary Bale, la femme qui avait jeté un chat dans une poubelle vient d’être condamnée à une amende de 284 €.

Un matin d’automne rien de plus banal et une journée bien morose en perspective, jusqu’à ce coup de téléphone où j’appris que le petit Elie, un beau bébé ressemblant à ses parents, était né dans la nuit de dimanche à lundi à la maternité de Moulins. Les moustaches d’Arthur ont soudain frétillées de bonheur et je me suis alors surpris à chanter en buvant ma Ricoré légendaire.

Ainsi va la vie…Il y a des matins comme ça !

Michel Benoit