Etape du 9 juillet Abbeville-Le Havre Un Africain à pois rouge…

Quand des jeunes se rassemblent un 9 juillet, pour donner un coup de pédale sous la bannière de l’Etoile Cycliste Abbevilloise ou de celle de la Garenne Bezon, c’est un signe avant-coureur qu’il va falloir jouer des coudes pour arriver aux premières loges du départ de l’étape du Tour. Et c’est le cas pour cette 6^ème étape au départ d’Abbeville. Un départ de coureurs déterminés et combatifs qui, bien qu’éclopés pour la plupart, après une étape vouée aux chutes, pourraient rencontrer une procession religieuse sans pour autant ôter leur casque, à l’image du Chevalier de La Barre, tant cette protection paradoxalement paraît indispensable à leur bonne santé. N’allez pas chercher si une grande partie des challengers ont goûté à la Frenette ou au Poiré du Pays de Cau, une fois de plus cette journée sera pour les routiers et les sprinters.

Les deux allemands vainqueurs du jour et du général, Greipel et Martin, pensent boire du petit lait au cours de cette étape longue de 191,5 kms car le parcours évolue dans une campagne vallonnée sur une route côtière où le seul obstacle probable est le vent venant du large. C’est sans compter sur les trois échappés du bord de mer, Quemeneur, Van Bilsen et Teklehaimanot. Tous trois ont vaincu les deux premiers pics et comptent plus de 4mns d’avance sur le peloton à moins de 90 kms de l’arrivée.

-  Teklehaimanot ! Un noir africain en tête des échappés dans la grande boucle ?…

-  C’est une première ! Vous n’y pensez-pas ! Aurait dit ma concierge, décidément... Dans quel monde vivons-nous !

Mais l’homme s’accroche et tient la dragée haute à ses deux complices Breton et Belge. A 46 kms de l’arrivée le peloton ayant accéléré n’est plus qu’à 2,45mns des trois hommes.  A St Léonard, Thomas Wockler surprend ses co-équipiers pour tenter de rejoindre le groupe de tête. Mais ces derniers ne s’en laissent pas compter et conservent leur avance. Au pied du Tilleul, une côte à 5,6% sur 1,6kms et l’érythréen, multiple champion d’Afrique, s’empare du maillot à pois rouge et devient meilleur grimpeur du Tour 2015. C’est juste après avoir franchi le dernier pic voisin de l’aiguille d’Etretat qu’il subtilise la victoire à l’image d’Arsène Lupin. 

 Nous vivons là un moment historique !

A 20kms de l’arrivée, les coureurs échappés n’ont plus qu’une petite minute d’avance sur leurs poursuivants. 12 kms plus tard, Kenneth Van Bilsen reste seul en tête avec 23 s d’avance sur un peloton qui a rejoint ses deux complices du jour, mais rien n’y fait, il est repris à 3 kms de l’arrivée et nous assistons à un ballet de cuissots et d’épaules, cher aux sprinters, pour décrocher le maillot du vainqueur de l’étape. Alors que Tony Martin, venant de chuter, ne peut plus tenir son guidon, c’est Zdenek Stybar qui emporte l’étape devant Sagan et Coquard.

On reparle alors de la malédiction du maillot jaune 2015, et on se demande si demain..

Mais demain sera un autre demain

Michel Benoit