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Le Blog de Michel Benoit
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Le Blog de Michel Benoit
9 février 2014

L'Hôtel du Cheval rouge, une enquête du commissaire Merle.

Couverture Hôyel du cheval rouge

Extrait de l'Hôtel du Cheval rouge :

 

Merle avait eu soudain l’envie de prendre son temps.

Dans l’attente du train navette qui le ramènerait de La Chapelle saint Paul à Nevers, il s’était installé à la terrasse de chez Justin, à l’abri du soleil, sous un parasol, dégustant une bière pression tout en lisant les dernières nouvelles à la une de l’ Eclair du Centre.

Le quotidien relatait déjà les préparatifs de la rentrée des classes dans le département et consacrait une demi-page à l’évènement culturel du bourg. Les organisateurs avaient d’ailleurs concocté un beau programme aux participants de la fête en y invitant quelques célébrités locales et départementales.

En guise de finale, le soir, un trio musical, les joyeux lurons, composé de deux anciens professeurs de musique à la retraite, tous deux ayant préféré épouser la carrière, bien plus sécuritaire, d’enseignant, à celle de créateur et d’artiste,  et d’un jeune musicien qui n’avait d’autre ambition que de s’inscrire dans le sillon de ces derniers,  donneraient un récital devant un public qui leur était acquit, voir même bienveillant.

En reprenant un répertoire très rive gauche mais en évitant également de mettre au programme des œuvres trop polémistes, ces derniers joueraient à s’inventer un profil, un passé et une identité à la Montand ou à la Ferré devant un parterre d’amis et de connaissances. Merle savait également que le talent ne serait pas au rendez-vous pour ces artistes improvisés qui ne manqueraient pas d’écorcher les rimes des maîtres et de commettre de nombreux canards dans la traduction des partitions choisies.

Les quelques auteurs locaux s’étant déplacés pour la dictée, et qui eux aussi se plaisaient à jouer un jeu de rôle en prenant, tantôt pour les uns, les allures de Sacha Guitry et tantôt pour les autres, les postures d’André Malraux, viendraient alimenter leurs turpitudes.

Combien de fois Merle avait-il pu constater ce qu’un chapeau ou une canne pouvait, dans ces cas là, apporter en prestance à n’importe quel scribouillard en mal de reconnaissance. Ce n’était plus une fête dédiée à la culture mais plutôt un rendez-vous dédié aux mythomanes les plus en vues de la région qui était proposé à un public qui, décidément, ne comprenait plus grand-chose à cette fanfaronnade.

Merle non plus d’ailleurs et ce dernier fuyait volontiers ce monde irréel nourri de fausses valeurs et de fausses amitiés. Il se surprit d’ailleurs à marmonner : «  J’ai rarement vu un monde où les gens s’embrassent et se détestent autant »

Editions rue des Boucheries

Michel Benoit

Dans toutes les librairies et Maisons de la presse de la Nièvre

et par commande à l'adresse : edition.ruedesboucheries@orange.fr

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