Légion de Paul Eluard
Si j'ai le droit de le dire en français, aujourd'hui.
Ma peine et mon espoir, ma colère et ma joie,
Si rien ne s'est voilé définitivement,
De notre rêve immense et de notre sagesse.
C'est que ces étrangers, comme on les nomme encore,
Croyaient à la justice, ici-bas, et concrète.
Ils avaient dans leur sang, le sang de leurs semblables.
Ces étrangers savaient quelle était leur patrie.
La liberté d'un peuple oriente tous les peuples,
Un innocent aux fers enchaine tous les hommes
Et, qui ne se refuse à son coeur, sait sa loi
Il faut vaincre le gouffre et vaincre la vermine.
Ces étrangers d'ici qui choisirent le feu,
Leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours.
Le soleil de mémoire éclaire leur beauté,
Il ont tué pour vivre, ils ont crié vengeance.
Leur vie tuait la mort, au coeur d'un mirroir fixe
Un seul voeu de justice a pour écho la vie,
Et lorsqu'on entendra que cette voix sur terre,
Lorsqu'on ne tuera plus ils seront bien vengés
Et ce sera justice.
Paul Eluard- 5 ans après l'Affiche rouge.