Babaud ou le prix de l'éternité

14 janvier 2012

C'était en 2005, trois heures du matin, j'écrivais Babaud, ou le prix de l'éternité, une commande de Jean-Pierre Chateau, aujourd'hui maire de Guérigny et du Conseil Général de la Nièvre à l'occasion du tricentenaire de la naissance de Babaud de la Chaussade.

J'ai relu il y a quelques temps ce monologue si admirablement interprété par mon ami comédien et auteur Pascal Tedes et je me suis dis .... " Mais quelle actualité ! "

Extrait de l'Acte II

LE PRETRE : La mort Babaud c’est le changement !

PIERRE : Le changement… Tiens en voilà du changement ! (Montrant la fenêtre et désignant ce qu’il se passe à l’extérieur) (On entend des bruits dehors)

Le changement me dis-tu ? Mais rien ne changera vraiment !

Vous vivrez demain dans l’horizon des lumières, et alors ?

Demain nous remplacerons Dieu par des valeurs et le Diable par l’absence de morale…. Au même titre que nous remplacerons la charité par la solidarité !

Demain nous remplacerons les monarques par d’autres hommes, aussi sacrés, aussi autistes, aussi puissants que celui qui régnait hier encore, mais le peuple aura le sentiment de posséder de cette puissance une petite parcelle, une toute petite parcelle de pouvoir, suffisante à elle seule pour qu’il ait l’impression de gouverner lui-même !

Demain nous remplacerons vos croisades hypocrites par des droits d’ingérences et asservirons une fois de plus des peuplades incultes sous prétexte de leurs apporter notre protection !

Demain, nos gouvernants abandonneront les principes de gouvernement les plus élémentaires au bénéfice d’un principe de précaution aussi imbécile qu’il en sera irresponsable et livreront leur pouvoir aux mains du populisme le plus effrayant !

Demain nous parlerons de liberté afin de nous enrichir toujours plus !

Nous ferons même bien plus... Nous deviendrons des apprentis sorciers, chaque pas supplémentaire vers le progrès verra paradoxalement une régression dans un autre domaine, nous servirons à la fois le bien et le mal !

Ah ! Le bien et le mal, nous remplacerons le bien par le plaisir et réduirons le mal à la douleur !

Ce n’est qu’une question de Mots… Moi je crois à l’empire des mots.

Les mots, ça se choisit, ça s’entoure de phrases bien faites, ça se détourne à la première occasion, ça se met en scène les mots…

Les mots ça te connaît ça les mots… Face à toi et aux tiens qui sont depuis plus de mille ans les grands argentiers du mensonge, je ne suis moi qu’un petit boutiquier, un escroc de bas étage sans grand talent après tout !

Vous en ferez votre affaire des Mots !

BABAUD OU LE PRIX DE L'ETERNITE
THEATRE