1793 LA REPUBLIQUE DE LA TENTATION L'HISTOIRE DE LALLIGANT MORILLON
C’est à cette époque que fût
dénoncé le complot de la
Rouërie. On savait la vendée en effervescence, depuis la proscription
des prêtres non assermentés et l’abolition de la royauté, on en eu la
confirmation avec cette dénonciation : la révolte royaliste gagnait
sérieusement du terrain sur le sol breton. Claude Bazire, vice
–président du Comité de Sureté se chargea de l’affaire.
Mais auparavant, il est
incontournable de parler de Lalligant Morillon, qui joua un rôle important dans
cette affaire et dans bien d’autres.
Pierre Bénigne Lalligant dit Morillon était né le 23 mai 1759 à Autun St Jean de la Grotte. Il était le fils de Louis Henri Alexandre Lalligant, médecin et cousin de Claude Bazire.
Il débute sa carrière dans la
gendarmerie à Lunéville mais ayant falsifié des lettres de change, il va être
contraint de quitter sa fonction et revenir à Autun où demeurent ses parents et
son frère. Il se marie à Nantes avec
Jeanne François, fille d’un riche négociant en bois qui travaille pour la
marine.
S’est-il rendu à Nantes chez
un client de son père pour y vendre du bois du Morvan ?
La famille Lalligant possédant de nombreux biens, cela est fort possible. Les Lalligant exploitaient une partie des terres de Jean Marien de Viry qui en était le régisseur, le tout sous les ordres du marquis de Brunoy. Ces propriétés incluaient les lieux dits La Forest et le Mont. La famille Baudot, celle de Marc Antoine Baudot qui sera tout comme Claude Bazire député à l'Assemblée Légfislative et à la Convention. La famille Lalligant se charge d'entretenir Le Mont, dépendant de la prévôté d'Hivers st Julien.
Cependant les affaires sont
difficiles et l’homme sans trop de scrupules. Lalligant va être arrêté et
inculpé pour fausse monnaie à Autun où il sera incarcéré à la fin de l’année
1791.
En effet, Pierre Lalligant
Morillon avait des talents de graveur et s’était lancé dans la fabrication
grossière de fausse monnaie.
A l’aide d’une presse à
balancier, il avait pu transformer le cuivre en Louis d’or. Le secret de cette
alchimie provenait dit-on d’une société secrète comme il en existait ici et là
à cette époque. La famille Lalligant fût arrêtée.
Marc Antoine Baudot et Claude
Bazire réussirent à faire libérer la mère de Lalligant ainsi qu’un notaire de
Paray le Monial, Jacques Brigaud, fortement soupçonné de complicité dans
l’affaire.
Poursuivis par les créanciers
madame Lalligant mère avait pu trouver refuge dans la ferme du Mont, bâtisse
délabrée et de maigre rapport.
La veille du procès qui
devait se dérouler à Autun en octobre 1791, le père et le fils Lalligant
s’échappèrent de prison, certainement grâce à quelques complices ne souhaitant
pas un débat public risquant de les compromettre. Ils furent condamnés par
contumace à 20 ans de fer et à la saisie de leurs biens dont la pièce
essentielle était la presse à balancier.
Lalligant avait disparu. On
le retrouve jouant du violon dans les théâtres de province où il rencontre
l’auteur Fabre d’Eglantine qui allait devenir le secrétaire de Danton. Il se
rend en Savoie et fréquente l’entourage du comte d’Artois, frère du Roi, et se
rend en Provence sous les ordres des troupes de Mr de Froment, qu’il va
dénoncer au Comité de Surveillance par une lettre qu’il adressera à son cousin
Bazire.
Lalligant avait fait ses preuves, il ne lui restait plus qu’à être nommé agent du Comité dont Bazire était membre influent.
Remarqué par Danton, présenté à lui sans doute par Bazire et Fabre, Lalligant va alors participer à des opérations de police dans tout le territoire et facilitera le double jeu politique du grand tribun.
Extrait de 1793 La République de la Tentation, l'affaire Claude Bazire
Editions de l'Armançon