LA VILLE BASSE THEÂTRE : LA RELEVE EST ASSUREE

Théâtre : " LA VILLE BASSE de Pascal TEDES.

Je vous avais parlé il y a quelques jours de cette " Ville basse " écrite avec talent et verbe approprié par mon ami auteur, metteur en scène et comédien Pascal TEDES. Cette ville basse où la misère se concentre autour de ceux qui sont restés sur la carreau de la société bien pensante et intégrés socialement. On s'y croirait ! TEDES nous dépeint une couche sociale de plus en plus forte et de plus en plus désespérée à la fois, sans projets, sans désir d'avenir, sans conscience politique, sombrant dans cette misère sociale qui l'entraîne indéniablement vers l'abîme où les seuls luxes sont l'alcool, la coc, l'inceste et la haîne raciale et où la seule issue se doit d'être un néant qu'ils attendent plus ou moins avec impatience. Il dépeint ainsi ceux pour qui l'âme est un bout de viande en plus, dont personne ne semble avoir besoin, si ce n'est le ciel, dont on se demande vraiment ce qu'il peut bien en faire !

Cette pièce en deux actes dérange, bien que l'inceste y soit traité avec pudeur. Le public ne s'y est pas trompé et aurait bien lynché l'auteur Pascal TEDES qui joue également l'un des rôles principaux, il n'y avait qu'à regarder la salle pour comprendre tout le dégout qu'il pouvait inspirer à ceux qui, au fil de l'intrigue, en avait oublié qu'ils étaient venus voir du théâtre !

Mais ne nous y trompons pas, la pièce de Pascal TEDES, comme toutes les pièces qu'il a écrit depuis de nombreuses années, nous parle des hommes et de l'amour, un amour qui fait défaut aux plus démunis. A en conclure qu'il faut avoir les moyens pour être aimé.....Dans ces moyens, comprenons-nous bien, il ne s'agit pas d'argent bien sur, mais bien de reconnaissance, de tous ces petits détails qui font la différence entre ceux qui sont intégrés socialement et ceux qui n'y sont plus. L'intrigue n'est qu'un prétexte pour peindre cette société qui existe pourtant, qui est là, à nos portes, j'oserai presque dire à notre portée tant la frontière est mince entre ceux qui n'ont plus rien et ceux qui luttent encore pour ne pas passer la barrière et rejoindre cette " Ville basse " où très peu en reviennent intacts.

La pièce est jouée avec talent, on connaît celui de Pascal TEDES et de Nathalie JADOT, mais la surprise vient des nouveaux arrivés, deux jeunes nouvelles recrues pour cette troupe du Carambole qui décidément n'a pas fini de nous surprendre : Mathilde BERTHOT et Faustine TEDESCHI qui jouent deux jeunes paumées et qui jouent juste! Comprenez qu'elles ne se contentent pas de jouer justement, mais que le verbe est juste, ce qui est rarissime et on ne peut que les encourager à poursuivre une carrière prometteuse. L'autre surprise nous vient de Duf, auteur de BD bien connu des bourguignons, qui par son jeu presque muet est un spectacle à lui seul, tant ses mimiques et son comportement sonnent vrais: Pas besoin de textes pour lui, sa présence à elle seule nous suffit et c'est un véritable régal!

Enfin, le texte de l'auteur qui nous entraîne dans le monde de TEDES, avec ses créatures monstrueuses qui hantent ses cauchemars au musée des horreurs, avec ses mots d'une grande poésie, à la fois tendres et violents... Un texte qui rend hommage à ceux d'en bas, quoi qu'il aient fait en fin de compte, alors que ceux de la ville haute attendent la promesse des grands soirs, de l'argent plein la prélasse et trois mentons sous la figure. Comme il le clamait dans le PEUPLE DES RONCES : " Le monde d'aujourd'hui, c'est l'appétit d'hier qui n'en finit pas de déglutir..Il n'a pas de sens ce monde là... C'est de la parafine..."

Michel BENOIT

Comments

[duf]

Merci pour tes encouragements,ça m'a fait très plaisir!Je ne pensais pas que mon "Toubib" plairait à ce point!J'ai eu pas mal d'autres messages d'encouragements,c'est super!A bientôt!
Duf