LA FORTERESSE

   LA  FORTERESSE

C'était à Saint Léo, antique forteresse,
J'y étais parvenu sur le dos d'une ânesse,
Franchissant les obstacles à grands coups de sabots,
C'était à Saint Léo, éternel tombeau.

Balsamo reposait à même les rochers,
Creusés à cet effet par de puissants archers,
Quelques brebis au loin rompaient le grand silence,
Une enfant les guidait dans ce désert immense.

Quatre ans, quatre ans de peine, de cris, de larmes,
Où le son d'une voix se transforme en vacarme,
Quatre ans dans cette geôle, les membres enchainés,
Où l'espace d'un jour ressemble à une année.

Le grand Cophte savait les secrets du passé,
Le présent, l'avenir avaient été brassés,
Il fabriquait de l'or pour le plaisir des grands,
Et de l'eau de jouvence pour ses amis mourants.

Pendant que je rêvais à ces années lumières,
Près du roc, servant de dalle, nue et austère,
Un long cri déchira l'horizon apenin :
" Lorenza, Lorenza ! " hurlait l'écho alpin...

Michel BENOIT