LES CHAMBRUN D'UXELOUP
La prison de la Conciergerie à Paris
LES CHAMBRUN D’UXELOUP Extrait :
Le ruisseau
courait dans les prés. Quelques pierres, formant barrage, freinait son débit
quelques instants, puis le cours d’eau s’effilochait en rigoles, blanc d’écume,
et reprenait sa vitesse, débordant par ci, par là, de son lit naturel pour
retrouver ensuite son cours normal, serpentant jusqu’à Luthenay. La Côlatre vivait au rythme
de l’hiver, à l’image de cette année de l’An II où tout était possible pour
certains et où tout était perdu pour d’autres. L’écho du ruisseau par cette
nuit sans lune se mêlait au hululement d’un rapace à la recherche de sa proie.
L’angoisse
augmentait par cette sombre nuit d’hiver au fur et à mesure que les ombres des
saules dansaient sur la petite route de terre qui amenait les quelques
visiteurs venant de Chevenon au château d’Uxeloup. Le froid s’était installé
depuis peu. La lueur d’une torche se dessinait sur la route étroite. Des hommes
s’avançaient lentement, silencieux, emmitouflés. Combien étaient-ils ?
Difficile à dire. Certains, munis de piques, indiquaient qu’ils n’étaient pas
que de simples visiteurs égarés par la nuit sur cette route qui reliait les
ruines du château de Rosemon à la petite commune d’Uxeloup.
SAINT-JUST apogée d’un silence,
dernier regard
Suivi de sept portraits de nivernais
sous la Révolution
Préface de Bernard
Vinot
Editions Dominique
Guéniot
52200 Langres