Résistance N° 5 Festival du monde ouvrier d'Imphy

Quelle mauvaise surprise hier, en ouvrant mon journal et en découvrant que l'historien Jean-Philippe Huelin, poursuivait seul et médiatiquement, le débat que nous avions engagé avec Bernard Paquaux et le représentant du syndicat CGT des usines d'Imphy sur le sujet : " Que devient le vote ouvrier ? " Débat qui, je vous le rappelle, s'inscrivait dans le cadre du 4ème Festival du film ouvrier d'Imphy organisé par l'association ARECTI.

Alors, non Jean-Philippe Huelin, il n'y a pas dans le monde ouvrier une perte de la conscience de classe comme vous l'affirmez le 22 octobre 2012 dans le JDC ! Non, les militants du Front de Gauche ne sont pas malades où agonisant, je vous le répète ici comme j'ai pu le déclarer lors de ce débat public, j'en ai rencontré plus d'un million place de la République? il y a quelques temps? et je peux vous affirmer qu'ils se portent très bien ! Non, le vote Le Pen n'est pas majoritaire dans le vote ouvrier, mais comme je l'ai démontré également lors de ce débat, c'est bien l'abstentionnisme qui est le grand vainqueur des expressions de votes ouvrières. Pourquoi me direz-vous ? Et bien parce que si la gauche n'a pas perdu la confiance du monde ouvrier, le monde ouvrier distingue aujourd'hui la gauche en deux pôles bien dictincts. Soyons clairs, depuis longtemps le Parti socialiste a oublié, voir supprimé, la notion de lutte des classes dans son vocabulaire. Question de mode ? Me direz-vous, Non question d’idéologie !

De parti socialiste, il a glissé vers un parti social démocrate et arrive aujourd’hui à un parti social libéral. Il n’y a qu'à constater les conséquences du vote pour la mise en place du traité Merkollansarko pour en être convaincu, je tiens d’ailleurs à préciser que le vote de ce traité est un déni de démocratie puisque le peuple français, du moins une grande partie de l’électorat de ce dernier, n’a donné aucun pouvoir à Mr Hollande pour ratifier ce dernier traité, au contraire, ce dernier s’était engagé à le renégocier. Ce genre d’agissement, méprisant la valeur du bulletin de vote, ne peux que contribuer à ce que le vote ouvrier s’enferre dans l’abstentionnisme. Je précise également, que depuis l’élection du président Hollande, les représentants syndicaux des entreprises en lutte et menacés pour leurs actions syndicales devant les tribunaux n’ont pas été relaxés par le gouvernement. C’est un signal également contre le monde ouvrier. Si cela devait se confirmer, Il faudrait donc dans l’avenir que le parti socialiste change de nom et renonce définitivement à se référer de la classe ouvrière, et qu’il s'attache à convaincre une partie des ouvriers à faire de plus en plus d’efforts dans un contexte où les tenant du capital font de plus en plus de profits.

En optant pour une autre politique économique en faveur du monde du travail et des plus démunis, il est possible de convaincre, dans le contexte actuel de crise, c'est possible, avec des propositions fondées sur les notions dérivées de la justice sociale. Le front de gauche l’a bien compris puisque son programme est basé sur «  l’humain d’abord », le parti socialiste a cette difficulté qu’il s’est résolu a abandonné le navire ouvrier sans l’avouer véritablement. C'est le même Parti socialiste qui assurait, la main sur le coeur, en phase avec les partis de droite, que la lutte des classes avait disparu. C’était une vue de l’esprit, un fantôme du passé que quelques individus inadaptés aux exigences de la modernité cherchaient à réveiller. Chacun était seul responsable de la situation dans laquelle il se trouvait. Voilà le discours hypnotisant qui nous a été servi des années durant. Et pourtant, jamais il n’y a eu de pause dans cet affrontement. Jean-Philippe Huelin, lui aussi, a tenté de faire passer le message, durant le débat organisé par l'association ARECTI, mais contré par votre serviteur, il s'est retrouvé dans un climat très hostile à ses affirmations, et a préféré poursuivre le débat dans les colonnes du journal local. C'est dommage, la question méritait mieux qu'un tentative en solo. Pourtant ceux qui étaient présent ce vendredi soir dans la salle du théâtre d'Imphy corrigeront d'eux-mêmes. Les autres comprendront à mi-mot que ce professeur d'histoire géographie aurait mieux fait de retourner à ses études plutôt que de s'essayer à jouer à l'apprenti sorcier.

Suite à ces évènements, Jean-Philippe Huelin nous a contacter pour une mise au point :

Rectificatif : 

l’ interview ayant eu lieu par téléphone, quelques erreurs de compréhension de la journaliste se sont glissées dans cette interview :

• Le parti communiste incarnait le vote ouvrier. Les ouvriers votaient à plus de 60% à gauche en 1978.
• La question de la représentation politique se pose plus particulièrement pour les ouvriers. Les hommes politiques parlent des ouvriers au moment des élections mais peu (voire pas) d’ ouvriers accèdent aujourd'hui aux mandats politiques.
• Le monde ouvrier représente 27% de la population active.
• Malgré les poncifs médiatiques sur « le vote ouvrier pour Sarko », Ségolène Royal a commencé dès 2007 la reconquête du vote ouvrier après l’échec de Lionel Jospin en 2002 (11% du vote ouvrier).
• Il y a bien une droitisation du vote ouvrier (le vote à droite, FN exclu, grimpe de 19 points entre 1988 et 2007).
• Le vote FN n’est plus qu’un simple vote de protestation. Il devient un vote d’adhésion aux valeurs défendues par Marine Le Pen.
• Le poids du parti communiste donnait une représentation au monde ouvrier et la « société communiste » pouvait apparaitre comme une protection y compris pour les ouvriers ne votant pas pour le PC.
• La reconquête du vote ouvrier doit redevenir une priorité pour la gauche.

Comments

[JP Huelin]

Cher camarade,

Malgré vos propos peu sympathiques à mon égard, je tenais à préciser que l'interview a eu lieu avant mon intervention à Imphy, que la journaliste n'a pas bien compris ce que je tentais de lui expliquer, que mon intervention en soirée ne m'a pas semblé soulever l'ire de l'assemblée, que la vôtre n'a pas même été applaudie et que votre refus de la réalité est confondant (refuser la réalité des chiffres, croire que les participants à un meeting de Mélenchon sont tous communistes...).

Pour autant votre combat est juste et je le partage assez largement.

Au plaisir,

Jean-Philippe Huelin