1939 Gabriel Montagnon, Ambassadeur de la Faïencerie Neversoise.

C’est dans la salle du conseil municipal de Nevers que s’est tenue la conférence sur les Faïences de Nevers organisée dans le cadre de l’exposition départementale du travail.

Gabriel Montagnon, le réputé Maître  faïencier, prit la parole durant près de deux heures devant un auditoire attentif afin de développer un sujet cher au cœur des nivernais. Tour à tour précis et rigoureux dans ses descriptions, humoriste dans ses anecdotes, sachant détruire des légendes, Gabriel Montagnon raconta l’histoire dela Faïencenivernaise, cette Faïence qu’il aime tant et à laquelle il a consacré quarante trois ans de sa vie.

«  La Faïence, c’est de la poterie émaillée et peinte » Nous dit-il. « Au reste, les Faïences s’appelaient auparavant poteries en vaisselle blanche ou de terre », précise-t-il.

D’où vient le mot Faïence ? Selon Gabriel Montagnon, il ne peut venir de Fayence, le chef lieu de canton du Var, car dans cette localité, le terme de faïencier n’apparut qu’en 1645 alors quela Faïencevient de Faenza en Italie et il rappelle qu’autrefois,la Faïenceétait un ouvrage à secrets.

La Faïencede Nevers a un caractère propre. Cette propriété est due à la rencontre dans le sol nivernais de l’argile et de la marne et c’est le mélange de ces deux terres, formant une parfaite harmonie, qui donne à notre Faïence son cachet. Mélangées, elles sont préparées par voie humide ou par voie sèche, puis données aux ouvriers qui en font le battage. C’est à ce moment que le tourneur entre en jeu pour lui donner un sens de clivage. Il parvient ainsi à créer la silhouette de l’objet. Le moulage réalisé, on procède au séchage. Gabriel Montagnon fabrique des émaux, puis la peinture de décoration vient finir l’œuvre, la dextérité du peintre doit être infaillible. Un trait peut suffire à sertir la pièce mais l’harmonie des couleurs est et reste primordiale. Les ouvriers faïenciers sont de véritables maîtres en la matière. De vrais artistes.

Pour Gabriel Montagnon, contrairement à ce que l’on prétend, Louis de Gonzague ne fit venir à Nevers que les seconds faïenciers, venus de Lyon, alors quela Faïenceartisanale existait déjà auparavant dans la ville nivernaise. Puis vint l’époque des manufactures, celle de la période révolutionnaire et enfin une première renaissance sous l’Empire etla Restauration.

Il nous parle de son père, Antoine Montagnon, qui retrouva «  le bleu » et qu’il surnomme du titre de «  Rénovateur de la Faïence à Nevers »,. Ce titre ayant été donné par ses compagnons pour avoir relancé la faïencerie de Nevers.

«  Nous continuerons sa succession » assure t-il et il termine par cette phrase pleine de conviction et d’espoir : « Nous restons et resterons nivernais et nous maintiendrons le caractère spécial de la Faïence de Nevers, facteur de gloire et de prospérité pour le pays. »

 Extrait des Grands Evènements du nivernais - Michel Benoit- Editions De Borée.