PRECISIONS DE JEAN-CHARLES COUGNY
Jean-Charles Cougny nous donne quelques précisions sur quelques faits et méfaits récents ayant provoqué son indignation, que je partage entièrement.
Une fois de plus un seul slogan :
OUVRIERS, ECRIVAINS, PAYSANS, MÊME COMBAT !
Le clip « Dur, dur d’être paysan » que vous avez
peut-être regardé sur Dailymotion ou sur les blog de mon ami Michel Benoît a pour principale objet de faire rire à un
moment où la conjoncture économique ne favorise guère l’optimisme.
De plus pour un paysan qui se revendique un peu écrivain,
il est bien naturel et sans doute sain, avant d’aller brocarder les autres
professions à travers les ouvrages publiés, de commencer par balayer devant sa
porte et de se moquer de lui-même.
Néanmoins, il s’en trouvera sans doute certains, qui me
connaissent bien, pour découvrir à travers cette chanson satyrique, des
problèmes bien plus profonds qu’il n’y paraît au premier abord. Pour éviter
toute mauvaise interprétation je tiens à précisez ici quelques points
importants :
Je ne nie pas la difficulté du métier de paysan. Certes
le matériel moderne a diminué beaucoup la charge de travail, mais la taille des
exploitations a beaucoup augmenté, les tâches administratives aussi, et d’après
une enquête récente, le paysan est celui qui travaillerait le plus d’heures.
N’empêche que dans beaucoup d’autres professions, la charge de travail a
considérablement augmenté de même, le stress, le harcèlement moral, la peur du
chômage aussi. Demandez par exemple aux infirmières ou aux gardiens de prison
ce qu’il en est.
Même si j’en parle dans la chanson, je ne suis pas
contre les subventions en agriculture. Si je réprouve celles qui sont liées à
des productions pour être exportées dans le Tiers-Monde, ce qui concurrence les
productions locales, les fragilise et à terme conduit à la famine, je pense
qu’on ne peut pas être contre une agriculture européenne subventionnée, à
condition que le but soit de maintenir une agriculture qui nourrisse tous ses
habitants, avec une alimentation saine, en respectant l’environnement, les
paysages, en équilibrant les différentes régions…et en faisant vivre
convenablement tous ses paysans.
En revanche, je n’admets pas que ces subventions
deviennent des rentes, permettent à certains d’investir dans l’immobilier et
qu’elles soient réparties avec injustice. Comment admettre que le Prince de
Monaco ou la Reine d’Angleterre touchent des aides agricoles européennes?
Comment admettre qu’un céréalier qui exploite 500 hectares puisse toucher plus
de 300 euros à l’hectare alors que l’éleveur de mouton sur 50 hectares touche
70 euros à l’ hectare et le maraîcher pas un seul centime ?
Mais la vraie raison qui m’a poussé à faire ce clip, c’est
la manifestation du 19 septembre à Clermont-Ferrand. Elle était organisée par
le plus puissant syndicat agricole, la FNSEA, dont les membres ne se disent
pas, comme moi paysan, mais agi-managers ou chefs d’entreprise. D’ailleurs
ceux-ci aux élections prud’homales n’hésitent pas à faire liste commune avec le
MEDEF. Si, si !
Et bien figurez-vous
que pour aller manifester dans la capitale auvergnate, les gens de ce syndicat
sont allés quêter dans toutes les municipalités de la Nièvre pour que celles-ci
prennent en charge le coût du déplacement en car. Ainsi la communauté de
commune de Château-Chinon a donné 500 euros. De l’argent qui aurait bien pu
servir à plus malheureux, non ? Avez-vous déjà vu des chef d’entreprise
faire la manche, des agri-manager mendiants ? Eh bien, oui ça existe !
Je les imagine ces gros chef d’exploitations agricoles,
arrivant au petit matin, garant leur gros 4x4 à côté du car…mais bon, sans
doute que j’exagère ?
Jean-Charles
COUGNY