Les Pauvres
Les Pauvres
Les pauvres sont charmants pour peu qu'on les approche
La plupart sont polis, j'en ai vu de tout près
Bien sûr, j'avais un peu de monnaie dans ma poche
Mais ils n'en savaient rien, je n'ai donné qu'après,
Les pauvres sont curieux, le travail les attire
Y compris les métiers fort sales et rebutants
Je crois qu'ils ont raison, l'oisiveté c'est pire!
Ils se plaignent, c'est vrai, mais ils sont très contents.
Au fond, la pauvreté c'est un genr' qu'ils se donnent
La preuve: j'en ai vu sourire à pleines dents!
Pour nommer leur épouse, ils disent la patronne
Pour tout dire en un mot, les pauvres sont tordants
Quelques-uns sont fort laids, à force d'être sales
Et leurs têtes ressemblent aux têtes d'ouvriers
Qui, ceux-là, sont affreux, n'aimant pas le scandale
Prêts à n'importe quoi pour être mieux payés.
Mon Dieu, ceux-là, bien sûr, sont de fort mauvais pauvres
Ils sont mal éduqués, ils se battent entre eux
Lorsque j'en aperçois, je prends peur, je me sauve
Qu'ils soient dans la misère, ces monstres là, tant mieux !
Mes pauvres à moi sont doux, sont souriants, sont timides
Ils se vantent bien haut d'aimer notre Seigneur
Certes, beaucoup d'entre-eux sont à moitié stupides
Mais ils n'ont peur de rien! C'est presque mieux d'ailleurs
Leurs enfants, quelquefois, ont de beaux yeux si tendres
Qu'on peut émerveiller avec n'importe quoi
J'ai souvent regretté qu'ils ne soient pas à vendre
J'en aurai acheté pour les mettre chez moi.