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Le Blog de Michel Benoit
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Le Blog de Michel Benoit
26 janvier 2013

Où es-tu Manureva ?

1978 Disparution d’Alain Colas

La consternation est grande dans les rues de Clamecy ce matin de novembre 1978.

ALAIN-COLAS-MANUREVA

La dépêche de l’agence France Presse est formelle, l’enfant du pays, le célèbre navigateur Alain Colas a disparu au large des Açores. Après de sérieuses recherches, il faut bien se rendre à l’évidence, le navigateur qui avait pris le départ pour la route du Rhum est resté introuvable malgré les efforts et les moyens mis à la disposition des chercheurs dans cette partie du globe. Il y a deux jours, son dernier message radio était plus qu’alarmiste ; «  Je suis dans l’œil du cyclone, il n’y a plus de ciel, tout est amalgame d’éléments, il y a des montagnes d’eau autour de moi.. »

Contrairement à sa dernière course, qu’il avait effectuée à bord du célèbre Club Méditerranée, monocoque de soixante quinze mètres de long et doté de quatre mats, c’est à bord de son vieux Manureva, multicoque submersible, conçu en aluminium, qu’il avait décidé de remporter la victoire, bien décidé à braver vents et marées. Il était d’ailleurs en tête de la course lorsqu’il envoya son dernier message. Volonté, détermination et courage l’auront pourtant accompagné depuis sa plus tendre enfance. Mais, que peut-on faire contre les forces de la nature… Elles auront eu raison de lui.

Né à Clamecy en 1943, Alain Colas, après avoir fait des études brillantes à la Sorbonne où il avait brillé en sections littéraires de Français et d’interprétariat en anglais, va postuler pour un poste de Maître de conférence à Sydney, poste qu’il obtiendra à l’âge de 22 ans à St John Collège où il enseignera le Français. Fondateur du Club de Canoë-Kayak de Clamecy, il découvre par la suite les plaisirs du sport de voile et du grand large. Sa vie basculera lors de sa rencontre à Sydney avec Eric Tabarly. Les deux hommes se comprennent très vite et s’apprécient au point que Tabarly lui propose de l’embarquer son Pen Duick comme… cuisinier. Transcendé par l’appel du large et par la personnalité d’Eric Tabarly, Alain Colas abandonne l’Australie pour rejoindre la France où le grand navigateur prépare la Transatlantique en solitaire. Les deux hommes ne se quitteront plus durant plusieurs années. A la fois homme à tout faire, journaliste de circonstance, apprenti matelot, Alain Colas va apprendre son métier de marin et recueillir de précieuses informations qui lui serviront par la suite et lui permettront de financer par ses écrits ses projets : Partir seul, affronter les courses en solitaire.

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A Tahiti, il rencontrera celle qui deviendra sa femme et avec laquelle il aura trois enfants, mais la mer l’appelle une fois de plus et c’est la consécration en cette année 1972, puisqu’il remporte la cinquième course Transatlantique Anglaise en solitaire à bord de Pen Duick IV qu’il a racheté deux ans plus tôt à Tabarly. Il pulvérisa d’ailleurs le record de l’épreuve à cette occasion. Cette fois-ci, Clamecy a son héro et, victoires et records vont s’additionner pour ce nivernais à la carrière atypique. Ses nombreux articles et ses livres relatant ses aventures permettent à un large public de découvrir outre le grand sportif reconnu de tous, le penseur d’actes par sa formation littéraire. Ainsi «  Un tour du monde pour une victoire » et «  Cap Horn pour un seul homme » vont connaître un réel succès auprès d’un public assoiffé de récits d’aventures.

La route du Rhum aura eu raison de lui et c’est à bord de son embarcation Le Manureva, que l’on traduit du Tahitien en Français par «  L’oiseau du voyage » Qu’il entrera dans l’éternité. Durant des années, la tradition populaire voudra qu’il ait réchappé au naufrage, qu’il soit toujours vivant, retiré secrètement sur quelque île ou îlot caché de tous… Jamais on ne retrouvera l’embarcation ni le moindre débris de celle-ci.

Quoi qu’il en soit, que l’embarcation et son Maître aient sombré dans ce cataclysme marin ou que l’imagination populaire ait laissé place à la poésie de la chanson de geste comme l’interpréta si bien Alain Chamfort dans sa chanson lui rendant hommage, Alain Colas aura réalisé ses rêves comme il l’écrivit si bien dans «  Cap Horn pour un homme seul ».

Michel Benoit Les grands évènements du nivernais

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Editions De Borée 2009

 

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Commentaires
T
A voir, autour des mêmes questions et d'un regard tout aussi personnel, le film "Alain Colas rêves d'océan" présenté à Clamecy il y a quelques jours et qui lui aussi, poursuit son destin, celui de rendre hommage à un enfant de Clamecy qui rêvait de faire le tour du monde par les trois caps. Nous serons, en mars, à La Chapelle Saint-André, histoire d'écrire avec vous, une page inédite de la littérature nivernaise...
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