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Le Blog de Michel Benoit
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23 décembre 2012

Louis Aragon : Une espérance de vie éclairée par l’histoire

2012-12-21aragon-humanite

Le premier volume de la grande biographie d’Aragon par Pierre Juquin vient de paraître. S’appuyant sur des inédits, elle donne au destin de l’écrivain un éclairage nouveau.

Aragon, un destin français,de Pierre Juquin.T. I. «1897-1939». Éditions 
de la Martinière, 29,90euros.

«Je ne récrirai pas ma vie », disait Aragon. Il nous a laissé ce soin. Le défi a été souvent relevé, mais se frayer un chemin dans le maquis de sa biographie est aussi ardu que s’orienter, comme il l’a écrit pour lui-même, « dans la forêt des mots ». La difficulté, pourtant, n’est pas tant, où on pourrait le croire, dans la mise au net des imprécisions ou des petits coups de pouce que l’auteur a donné à ses récits de vie que dans une compréhension de son itinéraire, d’écrivain, de militant, d’amoureux, d’homme, en somme. « Éclairer les zones d’ombre » consiste moins à 
apporter une anecdote nouvelle ou à en préciser de plus connues – ce que Pierre Juquin, appuyé sur de nouveaux documents, ne se prive évidemment pas de faire quand c’est nécessaire – qu’à donner à ce parcours en apparence sinueux une vraie cohérence.

«On peut lire son œuvre de cent façons différentes. Je l’envisagerai sous le point de vue de l’histoire», annonce Pierre Juquin, dans le premier volume de la monumentale biographie qu’il consacre à Aragon. Étonnamment, cela n’avait jamais été tenté. La volonté de Pierre Juquin est de considérer la vie et l’œuvre d’Aragon comme un «destin français», ainsi que l’annonce le sous-titre qu’il a choisi. L’enfance d’Aragon est un exemple de ce qu’une éducation typique de la bourgeoisie parisienne de la Belle Époque peut produire chez un enfant inséré dans le tissu de mensonges que les «convenances» imposaient : la folie ou le génie. Le parti choisi par Pierre Juquin permet ainsi une autre approche des «grands tournants» aragoniens, comme la rupture avec le surréalisme, le passage au roman réaliste, l’adhésion au Parti communiste. Outre le fait qu’à y bien regarder, il s’agit d’une assez longue période de maturation où se conjuguent changements amoureux, essoufflement du surréalisme, mouvement général de la culture vers un certain classicisme, on doit aussi considérer la montée de la crise, les rapports de forces politiques en France et en URSS même. Surtout, des continuités, à la faveur de ces changements, loin de se briser, se repèrent au contraire plus nettement. Des chapitres «transversaux» font ainsi un sort à des invariants de la vie d’Aragon, tels que ses sympathies pour l’anarchie, ses rapports avec la religion, et d’autres, qu’on découvrira. Si vous croyez connaître Aragon, précipitez-vous sur ce livre, vous le verrez dans une lumière nouvelle. Et si vous ne le connaissez pas, voici un beau commencement. 

Le Journal L'Humanité publiera le lundi 24, date anniversaire de la mort d’Aragon, 
un ensemble de textes parmi lesquels une interview que lui
a accordée Pierre Juquin lors 
de son récent passage à Paris.

 

couvaragon

Retrouvez ce lundi dans le quotidien l'Humanité l'hommage rendu à l'écrivain, à l'homme politique, au combattant.

"Plus tard plus tard on dira qui je fus." Trente ans après la disparition de Louis Aragon, l'Humanité sera au rendez-vous que le poète avait donné dans son appel aux "hommes de demain", sur quoi s'interrompt le Roman inachevé.

A découvrir dans L'édition de lundi:

  • Les contributions exceptionnelles de Jean Ristat, Roland Leroy et Nicolas Mouton

Et toujours disponible le hors série de l'Humanité consacré à Louis Aragon

 

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