Résistance N° 1

Depuis la fin de la campagne électorale, j’ai lu les gazettes de la finance. La violence de mon indignation est intacte. Je crois même que ça s’est aggravé. Les 100 jours ? Parlons d'autre chose s'il vous plaît et puis après tout parlons en justement... C’est bonjour tristesse. Partout la peur. Partout la déprime. Il y a de quoi. La politique stupide d’austérité généralisée est en train de provoquer une récession générale sur le vieux continent. Ricanons en voyant que même ce mégalithe de madame Merkel commence à payer le prix de la politique de rustre qu’elle impose à toute l’Europe avec sa bonne conscience à front de bœuf ! Ce n’est pas faute d’avoir expliqué combien ce désastre était prévisible et combien il ne pouvait en être autrement. Mais à quoi bon ! Les très intelligents continuent de pérorer dans les colonnes que je lis. Rien ne les arrêtera. Au loin, on entend déjà le bruit de la grande chute d’eau qui va envoyer tout le monde dans le vide. Mais tous pédalent avec ardeur : plus vite, plus fort ! Et Hop ! Youpi ! Alons-y joyeux ! La Grèce a encore perdu six points d’activité économique ! Pourquoi changer une politique qui ne marche pas ? L’Espagne est entrée à son tour dans la spirale mortelle. Le traité européen soi-disant « renégocié » par François Hollande va aggraver ce chaos déjà automatiquement grandissant. La vérité c’est qu’il est inapplicable. Qui et comment dans une économie déjà en récession va encore atteindre un déficit désormais limité à 0,5 % ? Qui est capable de provoquer un tel choc de contraction de la dépense publique ? Fumisterie ! Mais on peut compter sur l’armée des « béni oui-oui », en rangs serrés comme d’habitude, médiacrâtes, « responsables » politiques et compagnie pour assurer un escamotage complet du débat formel prévu à l’Assemblée pour la ratification du nouveau traité. La réalité et la résistance devra donc trouver d’autres chemins.

Contraiement à ce que pense certain, je reste persuadé que la jeunesse est prête pour se mettre en mouvement. Toute la période électorale, et celle qui en a été avant cela le prélude, a canalisé dans cette direction l’énergie disponible. Le mouvement des indignés n’a pas pris pied à échelle de masse parce qu’il existait un moyen de faire autrement. Cette remarque s’étend à tous les secteurs d’âge et de profession en vérité. A présent les prochains rendez-vous dans les urnes sont éloignés et leurs enjeux moins contraignants sur les leviers de décision institutionnelle. Par conséquent l’énergie de la volonté de résistance va se trouver d’autres canaux. Il est normal que cela soit spécialement à prévoir dans la jeunesse. Plaque sensible de la société, la moins insérée, la plus disponible qu’elle l’ait voulu ou pas. Non seulement elle vit mal mais on lui annonce qu’il n’en ira pas autrement avant…. avant combien de temps ? Tiens, c’est vrai, les bons docteurs comme disait Strauss-Kahn n’annoncent jamais quand leur remède auront eu le dernier mot sur la « maladie ». Il n’est pas difficile d’imaginer que les nouvelles générations trouvent bien vite insupportable le temps long des sacrifices à perpétuité, de la galère sans fin, du précariat à vie. Notamment dans la jeunesse scolarisée, celle des fins de cycle secondaire et celles de l’université. Qu’a-t-elle à perdre ? Dans le vaste monde, et notamment dans les deux Amériques, c’est dans cette population qu’ont lieu les mouvements sociaux les plus ancrés et les plus longs. Les carrés rouges du Québec en témoignent ! Mais nous avons aussi un rude choc en préparation dans la classe ouvrière de l’industrie. Le dos au mur, les PSA se savent le dos au mur. La peur du lendemain retient fort de tout côté, je le sais bien. Mais qui sait si la chaîne n’a pas déjà subi tant de tension qu’elle pourrait craquer ici où là. Voilà le contexte.  

Alors impossible direz-vous ? Mais La véritable préoccupation des humains est de faire ce qui paraît impossible : cueillir à volonté quand on est réduit aux aléas du chasseur cueilleur, manger de la viande quand on veut quand on est dépendant de sa chasse quotidienne et ainsi de suite. C’est comme ça aussi qu’on en vient à l’agriculture et à l’élevage. Et de même, voler comme un oiseau, atteindre les étoiles, et ainsi de suite. Ce sont des rêves créateurs. De l’activité pour rendre réels ces rêves d’humains naissent des milliers d’inventions concrètes dont l’usage se répand dans d’innombrables domaines. Et alors autant de limites apparaissent. Alors autant de nouveaux rêves surgissent. J’écris tout cela pour insister sur cette idée que notre capacité d’initiative est ancrée dans notre imaginaire poétique, non comme une négation de la réalité mais comme une réponse aux limites qu’elle croit pouvoir nous assigner. J’ai écrit « poétique » parce que le mot veut dire création. La poésie est dans tous les arts. Tous les arts sont par essence poétiques. En étendant l’idée un peu aux forceps, je dirais que cela vaut aussi dans l’action politique qui est un art de réalisation. Et même, là peut-être davantage qu’ailleurs.

Comments

[Christophe GUION]

Avec un peu de recul, on comprend la justesse du commentaire de Michel. On a élu un président normal qui gère normalement en boutiquier le pays. Au début, cela a fait beaucoup de bien, après hyper-présidence du précédent locataire de l'élysée qui parlait avant de réfléchir et décidait n'importe quoi, n'importe comment et n'importe quand.

Cependant, notre pays a besoin aujourd'hui d'autre chose que d'une gestion à la petite semaine pour rebondir et éviter le déclin, inéluctable,si on n'inverse pas rapidement la courbe, de notre nation. Pour cela, effectivement, il s'agit de prendre réellement les problèmes à bras le corps t de faire preuve d'audace, d'imagination et de volontarisme fort pour réellement faire avancer les choses. Hors, ce soir, j'ai regardé le journal télévisé et qu'ai-je entendu :



- le gouvernement va faire baisser un peu et très provisoirement le prix des carburants,

- Les ROMS vont voir leurs conditions d'accès au travail s'assouplir

- on relève le plafond du livret A



Mais........., c'est pas du foutage de gueule ça????? Est-ce que franchement, les gens attendent que l'on baisse de 5 ou 10 % pendant quelques mois le prix du plein d'essence, côté ROM, je n'en connait pas personnellement, mais c'est bien pour eux......

Le livret A, mais......on avait réellement un problème avec des gens qui ne savaient plus quoi faire de leurs économies???? vraiment ???? soit disant que c'est pour financer le logement social, mais le gouvernement sait-il que beaucoup de logement à louer sont vacants actuellement et qu'on peine dans l'immobilier à trouver suffisamment de locataires pour les occuper ?



Mais sinon, pour parler de l'essentiel, qui s'occupe de l'opération rebond pour que l'on ne soit pas dans 10 ans une toute petite nation de gaulois dont la parole n'a plus d'impact à l'échelle du monde ? qui s'occupe de faire des lois d'incitations permettant de recréer des emplois dans notre pays ? qui s'occupe de remettre les gens au travail et donner du travail aux jeunes ? qui va s'occuper de restaurer les valeurs morales et l'éthique dans notre pays ?



François HOLLANDE et son équipe n'ont-ils rien compris à la situation ? n'ont-ils aucune idée forte pour faire repartir le pays ? J'avoue que je commence à prendre peur....

[roland portiche]

Je cherche à vous contacter pour une émission de TV, mais le contact que vous donnez dans le blog aboutit à un autre michel Benoit. Voici mon mail : rportiche@orange.fr

[Duriot]

Oui Michel, c'est comme tu le dis. Mais la crise et l'austérité sont organisées pour reprendre les acquis sociaux insuportables, faire comprendre que la crise justifie la dictature ultralibérale dans un fatalisme à l'oeuvre matraqué jour après jour par des médias à la solde. Et pour noyer toute vélléité de réforme on abrutit les masses laborieuses avec des merdes télévisuelles et des jeux vidéos, pour les décérébrer et rendre indispensables l'écran plat et la voiture qui se gare toute seule qu'ils payent à crédit. Continue Michel.