Salon du livre de Saint-honoré-les-Bains : Les auteurs privés de public !

A compter de l’année prochaine, les auteurs de la Nièvre ou d’ailleurs qui publient leurs œuvrent à compte d’auteur, n’auront plus leur place au salon du livre de Saint-Honoré les bains. Les décideurs de ce salon très local ont en effet décidé de n’inviter que des auteurs étant édités par une maison d’édition et devant obligatoirement passer par un libraire, le libraire local en fait, que l’on appellera pour la circonstance : «  Monsieur 30 %  » puisqu’il ponctionne aux auteurs ce pourcentage autoritairement et sans appel. Notons que ce n’est pas la première fois que des mauvais coups comme celui-ci sont portés aux auteurs, aux poètes et à tous les créateurs qui, pour des raisons que je vais évoquer, ont choisi de s’autoéditer sans passer par la sacro-sainte filière commerciale bien établie que les organisateurs de ce salon du livre leur impose à ce jour. Dans la Nièvre, c’est une bonne centaine d’auteurs qui seront donc privés de public en ne pouvant présenter leurs livres à cause d’une décision qui est bien loin d’’honorer tous les slogans en faveur de la lecture et de l’écriture.

Beaucoup d’auteurs s’offusquent de cette prise de décision qui contribue à créer le doute dans l’esprit des lecteurs et qui tend à conclure qu’un «  bon livre » ne peut qu’être qu’un livre édité par un éditeur, local ou national, ce qui est parfaitement faux bien entendu. Il est évident que dans ce domaine, on ne peut également accepter que la qualité d’un ouvrage soit liée à sa publication dans une maison d’édition, car le fait d’être édité n’est pas synonyme de qualité, c’est malheureusement même tout le contraire, puisque les grandes maisons d’édition exploitent aujourd’hui «  ce produit commercial » comme d’autres exploiteraient des carottes ou des navets en lui donnant une durée de vie bien courte, jugeant  souvent que le pilon est plus rentable pour ceux qui le finance que sa conservation lui permettant de vivre et se faire connaître.

Combien de jeunes auteurs se sont fait connaître par un éditeur grâce à une publication autoéditée ? Des centaines… Tous aujourd’hui peuvent témoigner que les éditeurs, eux-mêmes, font  « leur marché » dans les salons du livre locaux pour y dénicher un nouvel auteur et lui proposer un projet éditorial.

Le livre n’est pas une valeur marchande et les organisateurs du salon de la ville de Saint-Honoré-les-bains n’ont décidément rien compris à la culture telle que la majorité des auteurs l’imagine.  Un auteur qui se présente devant des lecteurs dans un salon ne participe pas à celui-ci pour «  gagner de l’argent » mais pour y faire des rencontres et faire connaître ses ouvrages, c’est bien toute la différence entre des salons du livre nationaux et locaux et ce style de manifestation devrait être aux antipodes de l’industrialisation et de la starisation d’un système qui, on s’en rend bien compte depuis plusieurs années, a atteint ses limites, tant au niveau des ventes qu’au niveau de la fréquentation et de l’engouement d’un public qui cherche bien souvent tout autre chose que le dernier livre d’images d’un personnage médiatique.

Les auteurs espèrent que cette décision ne sera pas définitive et que les organisateurs de ce petit salon local reviendront sur une telle attitude, aussi choquante que discriminatoire. Un mélange des genres en quelque sorte, entre auteurs édités et autoédités, serait un agréable compromis, alliant sagesse et rassemblement populaire afin que la «  fête soit belle » et que comme par le passé, celui que j’ai bien connu où la société des auteurs de bourgogne organisait chaque année une manifestation littéraire à Saint-Ho  avec son président Michel Huvet ( avec trois tables de camping et deux parasols ) le public estival puisse découvrir de nouveaux auteurs, souvent inconnus, dont le talent est souvent bien supérieur à celui de n’importe quel joueur de football ou de tennis qui a signé un ouvrage dont il n’a pas écrit une seule ligne.

Michel Benoit

PS : Ci-dessous la lettre de protestation d’un auteur, Barbara Moreau, aux organisateurs de cette manifestation publiée avec son aimable autorisation :

Chère Madame,

Je vous ai appelée ce matin au sujet de mon éventuelle participation au salon du livre de Saint-Honoré-les-Bains en août de cette année. Vous m'avez dit que pour 2012, priorité serait donnée aux auteurs édités accueillis par des libraires, mais que s'il restait de la place et afin de respecter les engagements pris par Monique Delarue, vous pourriez étudier la possibilité de me recevoir. Peut-être... mais que pour 2013, plus aucun auteur particulier ne serait invité.

Je vous remercie de votre accueil au téléphone et de vos explications qui ont le mérite d'être claires. Mais voyez-vous, ces nouvelles règles que vous m'avez exposées font de moi et des auteurs auto-édités de notre région des auteurs de seconde zone. Or, vous comprendrez que j'aie de l'estime pour mes livres, pour mon oeuvre et pour celle de nombreux auteurs qui comme moi, ne font peut-être pas partie de grandes maisons d'éditions, ni même de plus petites, mais ont été plébiscités par le public bourguignon dont les goûts et les préférences ne semblent pas avoir été pris en compte dans ces nouveaux principes dont vous m'avez parlé.

J'ose dire que mes livres valent autant que d'autres. Aussi, je n'attendrai pas qu'un désistement me permette de venir cette année à Saint-Honoré-Les-Bains. En conséquence, je préfère retirer ma candidature qui me met dans une position des plus inconfortables.

Je vous prie de recevoir, chère Madame, mes sincères salutations.

Barbara Moreau, écrivain, comédienne.

Comments

[vero blandin]

C'est empêcher la culture de toute nature d'exister , c'est contre la liberté d'expression tout simplement !!!! c'est tout simplement idiot !! tout le monde est concerné (auteurs, lecteurs etc ) amitiés Michel bises à bientôt

[cloé perrotin]

complètement débilos craignos o_O



1 / de grands auteurs et illustrateurs se sont fait connaitre comme ça

2 / de plus en plus d'auteurs et illustrateurs souhaitent en plus de leurs productions éditées par les filières classiques et institutionnelles ...éditer certaines oeuvres en auto-édition and co.

3/ le fait de fermer encore et toujours plus , ne permet plus la multiplications des passerelles et du coup fera mourir encore plus sûrement cette filière qui doit au contraire s'ouvrir et se renouveler de plus en plus !



courage à tous