Le mouvement de la libération de la femme dans la Nièvre

1967   Les nivernaises créent leur mouvement de libération       

 A la suite d’une réunion s’étant déroulée à Nevers en présence de Marie-Thérèse Eyquem et d’Yvette Roudy, le Mouvement Démocratique Féminin, M.D.F., vient de voir le jour. Elles ne sont encore à présent qu’un petit noyau, ces nivernaises, et c’est au nombre de quatorze qu’elles viennent de se réunir samedi soir dans les locaux de l’hôtel de ville pour une première séance.

A l’origine, il y a quatre pionniers, quatre femmes bien déterminées à réagir à l’exemple de leurs homologues qui se rassemblent, elles aussi, dans toute la France, pour revendiquer un certain nombre de principe ayant attrait à la condition féminine dans une société où la loi de l’homme règne encore.

La secrétaire Jacqueline Massicot, la trésorière Nicole Bonhomme et Georgette Corodel chargée des relations publiques viennent d’élire leur Présidente Jacqueline Harris. L’objectif du Mouvement démocratique féminin est simple et dépasse largement les clivages politiques. Il est hors de questions pour ce jeune mouvement féministe de restreindre et limiter le recrutement des futures adhérentes sur des critères politiques au sens habituel du terme. Car, soutenir le planning familial, étudier la condition féminine et proposer des aménagements, réclamer des crèches supplémentaires et des équipements sociaux permettant aux femmes de devenir des êtres humains à part entière c’est, selon Jacqueline Harris, faire de la politique bien sur, mais au sens originel et noble du terme.

Si le M.D.F. a le cœur à gauche, il est autonome et veut ouvrir ses portes à toutes celles qui ne désirent nullement s’engager politiquement, à toutes les mères de famille, assure  son porte-parole Georgette Corodel.

Déjà, elles viennent d’obtenir la libération d’un local pour tenir une permanence hebdomadaire à la mairie. Un rendez-vous où elles tenteront d’aider leurs prochaines pour se donner les moyens de se réaliser selon leur qualité, dans la famille, la profession, la société, et où elles pourront évoquer un certain nombre d’options déjà évoquées telles que les institutions démocratiques, l’éducation générale et professionnelle, la défense des libertés, la démocratisation de l’enseignement et de l’école laïque, la lutte contre le racisme et les combats pour la paix sur la planète.

Déterminé, le Mouvement démocratique féminin, l’est sans aucun doute, sa Présidente n’a-t-elle pas déclarée : «  Les femmes n’obtiendront rien qu’elles n’aient gagné elles-mêmes. A elles de s’unir !  »

Extrait du livre : Les grands évènements du nivernais de Michel Benoit

Editions de Borée