Les primaires : Le temps de tous les dangers
L'évènement des primaires socialistes me renvoie à quelques réflexions et pensées que je ne peux m'empêcher de vous faire partager. Organiser en France, et pour la première fois de l'histoire, des primaires afin d'élire le représentant d'un parti pour les élections présidentielles est sans aucun doute séduisant. Mais, et il y a un mais, il ne concerne en fait, et nous l'avons vu avec la participation aux urnes ce dimanche, que les militants où sympathisants de ce parti, soit entre 4 et 5% de ceux qui devront statuer le jour fatidique pour élire le futur président de la république en 2012, et là je rejoins la déclaration de Jean-François Coppé, même si cela m'exaspère, il a raison.
Organiser des primaires, oui, mais avec quel argent ? Les partis politiques ne sont pas tous à égalité sur ce plan et on se rend bien compte aujourd'hui avec le ralliement de l'UMP à cette idée, qu'elle ne concerne que les deux grands partis politique de l'hexagone. Oui, et les autres ? Si cette nouvelle coutume devait s'inscrire dans le marbre, à l'identique des états unis, ce serait certainement un mauvais coup pour les autres partis, les appelant à disparaître un peu plus de la vie politique et médiatique, ce qui se traduirait par une atteinte sérieuse à la démocratie et à l'égalité des chances de convaincre l'électorat français, et cela pose quelques questions :
Les primaires redonnent-elles le goût à la politique et l'envie d'aller voter ? La réponse est non. Pourquoi ? Parce que ceux qui ont délaisser le chemin des urnes depuis tant d'années et qui sont de plus en plus nombreux dans la misère, la souffrance, l'abandon, ne se reconnaissent pas dans le discours qui fut tenu par les candidats en lice, la preuve, ils ne sont pas venus, même si François Hollande se positionne en fédérateur d'une gauche centriste et qu'il tente de recueillir quelques milliers de voix à François Bayrou, même si Arnaud Montebourg tente de durcir le discours pour siphonner les voix du parti de gauche, parti de gauche qui est déjà moribond avec un Jean-Luc Mélenchon parachuté en amont pour réduire lui aussi les véritables idées progressistes avec le soutien d'un comité central PCF qui n'a jamais été aussi mou et désapprouvé de sa base. Pour réussir cette mobilisation, il aurait fallu une participation de plus de 30% d'électeurs français et cela est loin d'être le cas. Ce vote une fois de plus n'a concerné que les militants et sympathisants. Un tel nuage de fumée ne pourrait disparaître que si, par bonheur, il y aura une synthèse, claire et précise, proposée aux français à la suite de ces primaires, une synthèse qui rassemblera les autres partis politiques, tous les autres partis.
Mais il y a pire, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les primaires socialistes peuvent avoir un effet pervers sur la mobilisation à se rassembler pour l'élection du printemps prochain. La campagne électorale ne fait que commencer. Les autres partis devront redoubler de forces, d'initiatives et de vigilance pour rassembler leurs électeurs et savoir convaincre qu'il y a d'autres solutions que celles proposées par les deux grands pôles politiques, à condition qu'elles aient accès équitablement aux médias et qu'elles puissent s'adresser en toute liberté aux français aux heures d'écoute appropriées. Crier victoire aujourd'hui serait éluder que la social démocratie est loin d'avoir recueilli un blanc sein de la part des électeurs de gauche ou autres sympathisants qui veulent changer la vie, l'ordre social, pour une nouvelle société plus juste, plus équitable et plus humaine.