Spécial Fête de l'Humanité

Tout commence par des barrières avec un service d'ordre approprié où les appareils à scanner les billets ont remplacé la perforeuse à main... Cela fait combien d'années que je n'avais pas mis les pieds à la fameuse fête de l'Humanité ? Je ne me souviens plus, quelques dizaines d'années en tous les cas... Et puis me voilà sur cette fête qui n'a rien de commun avec une autre fête, une véritable fête, organisée par des bénévoles, tous militants du Parti Communiste en majorité, tous fidèles à cette grande messe annuelle, une messe alimentée par des débats, même s'ils sont moins nombreux qu'auparavant, une messe où l'angélus est remplacé par le tocsin, celui de la révolte. Ce tocsin en 2011 a décidément des allures de volonté de changement, il vient annoncer un autre monde, une autre politique, un autre partage des richesses, à l'heure où elles appartiennent de plus en plus à une castre de nantis et où les classes moyennes rejoignent celle des plus pauvres.

 Au cours de mes promenades dans les allées bondées de visiteurs venus prendre la bouffée annuelle d'oxigène, c'est un véritable bric-à-brac qui s'impose, une succession de slogans, d'idées, que Prévert n'aurait pas renié. Cela sent la merguez, le punch des îles, la sincérité aussi. Car, malgré les évènements qui se déroulent dans notre pays, en Europe et dans le monde entier, beaucoup veulent encore y croire. Croire que demain, après 2012, l'espoir reviendra... Ils y croient le temps d'une bière pression, d'une sangria et d'une crêpe au cidre acheté sur le stand des Côtes d'Armor ou du Morbihan, à moins que ce ne soit dans celui du Lot et Garonne ou de la Sarthe. Les enfants, portés sur les épaules de leur parent ou grand-parent, regardent l'immense ballon qui surplombe les allées et tous le scrutent, comme un signe que demain tout s'arrangera. Et puis, il y a ce mélange savant des races, des gens du monde entier, qui nous redonne aussi l'espoir que demain, de nouveaux pas seront franchis pour réduire les différences entre ceux qui ont la peau blanche et ceux qui l'ont plus coloré. Ici, on est tous né quelque part...

Mais qu'importe ! Tous se retrouvent pour une même cause, un même élan et regardent ce ballon qui flotte sur la fête. On débat sur les dangers du nucléaire, on s'insurge contre la possible exécution de Troy Davis, on se sourie, on parle, on est bien, et on se sent prêt à y croire.. Oui mais pas à n'importe quoi, pas à n'importe quel discours. Tous savent que la lutte va continuer, inexorablement, même si l'Elyzée change de locataire. Les anciens racontent 81, d'autres plus rares, parlent de leur internement à Buchenwald, d'autres encore fustigent la nouvelle tête d'affiche du fameux Parti de Gauche, Jean-Luc Mélanchon, qu'ils ne reconnaissent pas pour être des leurs. Ils ont certainement raison et maudissent Pierre Laurent, le fils de Paul, de les avoir emmené dans une drôle de galère qui risque de sombrer après le printemps 2012. Bernard Lavilliers est venu pour redonner une touche d'espoir en chanson, le soir ce sera le tour de Joan Baez et le lendemain celui de Yannick Noa. Il aura beau pleuvoir, il aura beau venter, tous seront au rendez-vous pour conserver l'âme de cette fête qui décidément n'est vraiment pas une fête comme les autres.

Michel Benoit

 
Bernard Lavilliers - Stand The Ghetto

Comments

[vero blandin]

je suis heureuse de savoir que je suis d'une espèce en voie d'extinction , merci Jean-Charles ,sur mon pedigree ça fait tout de suite mieux !!! ah ah avec le couple de ta famille et moi ça fait trois !! non la fête ne s'arrêtera pas si vite !! amitiés à vous tous, camarades, bises véro

[jean-Charles]

Il faut te dépêcher jno, le communiste est une espèce en voie d'extinction. J'en ai encore un couple (dans ma famille) à 50 mètres de chez moi, mais qui n'est pas en pleine forme....

[jno]

Merci pour l'ambiance, Michel. J'aimerais bien y aller, un jour...