Culture de paix: Mode de vie ?

Du 8 au 15 juillet, plus de deux cents jeunes venus de divers pays, se retrouveront à Varennes-Vauzelles et à Garchizy pour une semaine de débats et d’actions civiques.  

«  La culture de la paix est définie par une résolution des Nations Unies. Il s’agit d’un mode de vie qui rejette la violence et prévient les conflits en privilégiant le dialogue, l’éducation, la démocratie, la tolérance et le respect des droits de l’homme. » Précise Elise Bourdier, l’une des organisatrices de ces rencontres vers la jeunesse pour un culture de paix. 

On ne peux qu’adhérer à cette déclaration, et pourtant….

Cette déclaration amène quelques réflexions pourtant, et c’est pour moi l’occasion d’entrer et de vous proposer de participer à ce débat par l’intermédiaire de mon blog. 

Tout d’abord, le fait très louable que la culture de la paix soit inscrite sur le marbre de la résolution des Nations Unies est loin d’être une garantie pour l’instauration d’une paix mondiale. Et je me reporte aux fameuses tables de la loi où les «  tu ne tueras point » et autres commandements semblent nous gouverner sans résultats depuis des millénaires.

Nous savons tous que l’argent gouverne tout et que la puissance et la gloire de nos dirigeants aux services des intérêts les plus riches s’opposent totalement à une culture de paix, il n’y a qu’à ouvrir son quotidien le matin pour en être persuadé. Rejeté la violence, oui bien sur, la subir non merci… Et puis, nous le constatons chaque jour, la liberté et la démocratie ne naissent-elles pas sur les débris des révoltes, aussi violentes soient-elles, des pays qui opprimaient leur peuple, faute de dialogue certes, mais de la faute à qui ?

De plus, peut-on reprocher à un peuple de se révolter par la violence par faute d’éducation alors que justement, ce manque d’éducation est organisé de main de maître par ceux-là même qui les oppriment ?

Pas si simple ce débat sur la culture de la paix…Adhérer à ce mode de vie aveuglément ne mettrait –il pas en danger notre liberté, nos fameux droits de l’homme et nous risquerions inévitablement de sombrer dans une culture emprunte de croyances qui nous parquerait dans une soumission au service de ceux qui emploient eux-mêmes la violence comme arme absolue.

De là à penser que la culture de la paix est une idéologie créée et utilisée par les gouvernants pour catalyser les esprits des pauvres manants que nous sommes… De là à penser que la solidarité n’est en fait que le synonyme actuel de la charité et que les premiers seront les derniers….A l'image de John Lennon, et si on restait couché jusqu'au 15 juillet ?

 
Le bed-in de John et Yoko

Comments

[Elise]

Re-bonjour,
Merci pour votre réponse, d'autant que j'ai été un peu sèche dans mon propos, qui ne visait pourtant qu'à entretenir le débat.
Pour moi, la Culture de Paix est un moyen de changer la société pour remettre l'humain au centre, et ce qui plus est sans utiliser la violence, ce qui fait sa force. Même si je suis parfaitement consciente que les tenants de l'argent ne lâcheront pas facilement le pouvoir... Il existe aussi la vie politique, qui peut les faire lâcher, à condition que les élections ne soient pas truquées, et qu'ils en respectent le résultat...
Là où je ne vous rejoins pas en fait, c'est dans votre conviction qu'un peuple opprimé prendra forcément les armes.
Par exemple, Aug San Suu Kyi a réussi à se faire libérer par la junte, sans jamais utiliser d'arme... Autre exemple : l'Appel de Mahmoud Abbas à manifester pacifiquement pour la reconnaissance par la communauté internationale d'un Etat Palestinien, ou encore la résistance pacifique et non-violente du village de Bil'in, qui fait des émules dans d'autres localités Palestiniennes...
Il est vrai que l'histoire telle qu'on me l'a enseignée à l'école n'est faite que de batailles et de guerres... Mais si fasse à la police qui tirait sur la foule le peuple avait systématiquement pris les armes, il y aurait eu davantage encore de guerres civiles...
Cordialement,
Elise Bourdier

[L'auteur]

Bonjour Madame Bourdier,

Tout d'abord merci pour votre contribution à cet article, la paix est un vaste sujet bien sur, mais je pense qu'il y a un malentendu entre-nous lorsque vous parlez de " démontage total " . J'avance quelques réflexions sur ce sujet et en tant qu'historien je ne peux que me reporter à ce que nous avons vécu auparavant, si les guerres sont organisés par les puissants, les révoltes pacifistes n'ont pas souvent abouties à des changements. Il n'y a qu'à regarder le sort de ceux qui se sont élevés pour la paix et se rendre compte qu'ils ont tous été assassinés. Je reste persuadé que malheureusement, plus les peuples qui sont dans la misère attendent un jour meilleur, et plus la révolte sera sanglante. C'est la force des choses. Il ne s'agit plus aujourd'hui de se compomettre avec des solutions d'attente, des médecines douces, mais bien de changer totalement de société ou l'homme sera au centre des préoccupations et là... les tenants des pouvoirs ne lacheront pas ou seulement dans la douleur. Merci encore pour votre contribution, le débat est essentiel mais je vous rejoins sur beaucoup de point bien sur, sauf peut-être celui-là.
Cordialement,

[Elise]

Bonjour,
Etant tombée par hasard sur l'article (dans lequel je suis citée), je me permets de réagir. Notamment parce que le "on ne peut que souscrire à [mes] propos" me semble contradictoire avec le "démontage" (presque total) qui en est fait ensuite.
Cultiver la paix, ce n'est pas être passif. Ce n'est en aucun cas subir ou se taire (y compris parce que dans les huit points de la Culture de Paix il y a aussi la "justice sociale" et "la démocratie et la libre circulation de l'information"). Cultiver la paix, c'est aussi par exemple dénoncer le fric gaspillé dans les armes, quand 1/10ème des dépenses militaires mondiales suffirait à permettre à l'ensemble de l'humanité d'accéder à une alimentation équilibrée et suffisante, à de l'eau potable, aux soins, à l'éducation...
Cultiver la paix, au fond, c'est sortir du "chacun pour soi", et faire front ensemble, pour améliorer nos conditions de vie à tous, sans frontières ou quoi que ce soit du genre...
Et puis, les peuples peuvent parfaitement prendre la parole et même se faire entendre de leurs gouvernants sans prendre les armes... (la preuve par exemple en Tunisie et en Egypte...)
Quant à l'ONU, elle n'est que ce que les peuples laissent en faire... A nous de réaffirmer la Charte des Nations Unies (et non pas la Charte de l'Organisation des Nations Unies). Cette Charte qui est de deux ans antérieure à l'ONU, qui ne contient, par exemple, aucun droit de VETO (mais au contraire la règle permanente de l'unanimité), et qui commence par "Nous, peuples des Nations Unies". A chacun d'entre nous de réaffirmer la Charte, et notre volonté que l'ONU se conforme à cette Charte (ce serait déjà un immense pas en avant...).
Je pourrai développer bien plus, mais j'ai déjà été très bavarde, donc je m'arrête là...

[vero blandin]

oui je voudrais bien moi pouvoir rester au lit ou pouvoir m'évader de mon quotidien souvent pesant mais pas toujours facile

bises michel

[jean-charles]

Eternel débat : jusqu'où peut aller la non-violence. Je suis un non violent, mais si mon pays est attaqué que faire? Si ma famille ou mes amis sont dans la misère à cause d'une poignée d'oligarches, dois attendre que ceux ci consentent à leur faire la charité...