La Maison d'arrêt de Nevers ne fermera pas en 2015
On l'espérait, on croisait les doigts, on pensait aux familles des détenus enfermés pour de courtes peines qui seraient privées de visites et par là même sombreraient dans un total désespoir. A la misère sociale, le gouvernement avec son projet de suppression des maisons d'arrêt rajoutait la misère totale.
Comment pouvait-on enfin accepter que les familles, pour beaucoup démunies et sans ressources, fassent le voyage de Nevers à Dijon pour un parloir de quelques minutes. Deux heures trente de route dans le meilleur des cas pour un regard, le temps d'embrasser son fils, son mari, ses enfants, et reprendre la route.. Le ministère en a jugé autrement il y a quelques jours, on ne sait pourquoi, mais la maison d'arrêt de Nevers ne fermera pas et sera rénovée.. Quand ? On ne le sait pas encore... Mais elle demeurera à Nevers.
J'étais aussi monté au créneau en temps que visiteur de prison. Un beau combat à mener, en solidarité avec les familles des détenus et aussi avec ceux-ci, qui pour la plupart n'auraient pas supporté ce mauvais coup de plus. Un beau combat qui a du sens et qui n'a rien à voir avec ses faux combats d'intellos du dimanche qui cherchent une petite gloire à travers la polémique que peut encore entraîner un évènement dont tout le monde se moque, comme celui de savoir si l'auteur de lettres anonymes antisémites Céline, génie pour les uns côté pile, et raciste pour les autres côté face, mérite son nom dans les célébrations nationales de 2011.
Aujourd'hui, c'est fait, acté, décidé, classé et signé.. Les familles poursuivront d'assurer les visites, permettant aux leurs de tenir, le temps de purger leur peine. Les détenus attendront les visites de leurs proches, patiemment, ils tiendront du vendredi au lundi, ce fameux week-end de stress, avec pour seul objectif, la visite de ceux qui les aiment encore et qui ne les ont pas laissé tomber.
Pourtant, à peine la victoire annoncée, un autre combat se distingue à l'horizon, la suppression totale des maisons d'arrêt qui pourraient être substituées par l'accompagnement constant et organisé des travailleurs sociaux.. Mais c'est une autre histoire me direz-vous, un autre combat que celui-ci. Pourtant, après tout, si le combat contre la fermeture de la maison d'arrêt de Nevers était il y a quelques mois un combat utopique pour beaucoup, pourquoi cette fois encore, l'utopie ne serait-elle pas la seule grande idée qui permettrait d'aller vers une véritable politique de réinserssion ? Oui, pourquoi pas ?
Michel Benoit