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Le Blog de Michel Benoit
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17 janvier 2011

1949 André Kraemer fait choisir leur nom aux neversois

PortraitNous sommes en février 1949, le Journal du Centre vient de lancer un pavé dans la mare sous la plume d’un  jeune et talentueux journaliste: André Kraemer. Si celui-ci a déjà un nom – celui de son père Georges, l’un des pionniers du quotidien nivernais – il est désormais certain que André Kraemer, qui a débuté dans le métier à l’âge de dix sept ans, va vite se faire un prénom.

Le titre de son article est si explicite qu’il ne peut laisser les lecteurs insensibles : «  A la recherche d’un nom pour les habitants de Nevers… Les seuls français à ne pas en avoir. »

Ainsi découvre-t-on que les habitants de Nevers ont cette singulière particularité que celle d’être les seuls français à ne pas posséder un nom qui les rattache à leur ville. Comment et pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ?

Depuis toujours, un habitant de Nevers est un « nivernais de Nevers ». Une appellation pas très honorifique qui prête à confusion car elle désigne à la fois les habitants de la Nièvre et ceux de la ville ducale. Mais André Kraemer, au-delà de la question posée, veut aller plus loin et décide de nourrir le débat jour après jour dans les colonnes du journal afin de donner un nom exclusif aux habitants de Nevers.

Une ribambelle de noms est alors avancée : neversiens, neversois, novois, noviots, et l’on se prend à rêver que grâce à un référendum dans la presse locale, les habitants de Nevers sauront choisir eux-mêmes leur nom et que celui-ci sera homologué par la fameuse et officielle Académie Française.

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Le pavé dans la mare éclabousse les habitants de l’ancienne cité des ducs où l’on ne parle plus que de cela, chacun émettant un avis mais aucun ne restant insensible au débat porté sur la place publique et qui bientôt va dépasser les frontières du département.

La Société académique du nivernais, par la voix d’Alfred Massé, propose le terme « Noviodunois » sans grand succès. Soucieux de n’écarter aucun avis, André Kraemer va patiemment collecter tous les courriers que les lecteurs feront parvenir au quotidien. Un mois plus tard, dans les colonnes du journal, il lancera un véritable référendum en reprenant les dix termes les mieux adaptés et les plus couramment proposés. Il les exposera à son tour, charge à chaque lecteur de remplir et détacher le coupon réponse puis de le déposer dans une boîte spéciale installée dans le hall du journal ou de l’envoyer par courrier postal. Finalement le résultat du scrutin paraîtra le 23 mars : 2188 lecteurs ayant voté, le terme « neversois » sera choisi fort de 40% des suffrages.

img323Neversois deviendra l’ethnonyme employé pour désigner tout habitant de Nevers. Un emploi officiellement officieux, à défaut d’être tout à fait officiel, puisque jamais l’Académie française ne le reconnaîtra… Le terme se fondra lui-même dans l’usage courant !

Après l’élection des lecteurs, André Kraemer n’aura-t-il pas prévenu : «  On n’a que les habitudes que l’on prend. Certes, on ne remonte pas sans grandes difficultés le cours des ans. Les coutumes ne se perdent pas du jour au lendemain (..) mais il y a lieu de croire que, dans l’avenir, ce nom de neversois fera son chemin et viendra s’intégrer dans notre langage. »

Cet évènement est survenu il y a plus de cinquante ans et on peut aujourd'hui mesurer tout l'impact de cette initiative dans la vie de tous les jours à Nevers et ailleurs, même si, à ma connaissance et à mon grand regret, l'académie n'a pas encore validé l'ethnonyme employé par tous aujourd'hui. Mais qu'importe... Le nom de neversois ne s'est-il pas installé confortablement dans l'usage populaire ?

Il serait également grand temps que la ville ducale rende un hommage vibrant au grand journaliste que fût André Kraemer en lui attribuant le nom d'une place, d'une rue, près du journal du centre par exemple, afin de remercier celui qui, sa vie durant, accompagna les nivernais et neversois chaque jours en allant chercher l'information au plus près pour le plaisir de tous. Une vie entière consacrée à Nevers et à la Nièvre: Cela vaut bien une rue ou une place, Non ?

Extrait des " Grands évènements du nivernais " Editions De Borée 11/2009

Photos Journal du centre et collection personnelle

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Commentaires
J
...de vouloir rendre hommage à ce journaliste à Nevers, puisqu'il a ainsi œuvré pour la ville.
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