Les femmes oranges
Ont sur le cou de longs cheveux que l’on mélange
Gerbe de feu qui sauvageonne sous leur frange
De longs je veux qui s’abandonnent à nos louanges
De longs aveux couleur d’automne qui nous arrangent ;
Les femmes orange ont sur la nuque une herbe étrange
Que l’on moissonne où l’on braconne et qui démange.
Les femmes orange
Ont sur la peau mille corolles où l’on s’épanche
Sainte rougeole qui bas-résille sous nos hanches
Les pensées folles des filles habiles le dimanche
Des auréoles qu’elles habillent d’étoffes blanches ;
Les femmes orange ont sur la chair une avalanche
Qu’on dégoupille jusqu’aux chevilles et qu’on déclenche !
Les femmes orange
Ont sous le ventre un doux parfum qui nous enchante
Grand vent d’oursins qu’elles épicent d’écume ardente
Un chant malsain de précipice, de mer violente
Et de sel fin pour les Ulysse qu’elles alimentent ;
Les femmes orange ont au ventre une marée montante
Entre les cuisses une fleur de lys toujours béante…
Les femmes orange
Ont dans les yeux de vrais silences qui insistent
Sans insolence et l’on pâlit qu’ils soient si tristes
Des mots d’absence bien polis pour qu’on existe
Des mots immenses au creux du lit de l’improviste ;
Les femmes orange suivent des yeux un jeu de piste
Jonché de proies, qui meurent en croix, sur une liste.
Thierry Desseux