Une enquête du commissaire Merle " La belle marinière "
L’automne s’était installé définitivement en cette fin octobre et depuis plusieurs jours chacun espérait qu’une éclaircie viendrait égayer l’aurore, amenant avec elle la résurrection d’une nature qui s’apprêtait à s’endormir pour quelques mois.
La pluie tombait tantôt en cascade, tantôt par mince filet, et l’humidité s’invitait partout, jusque dans les moindres recoins d’une cité qui perdait peu à peu l’envie de vivre.
Pour Merle aussi, cette journée commençait comme toutes les autres. Il avait rejoint son bureau tôt le matin, décidé à ne répondre à aucun appel téléphonique, avec la ferme intention de mettre de l’ordre dans ses dossiers.
--- Tu viendras m’aider Lamoise ! avait-il lancé dans l’entrebâillement de la porte séparant son bureau de celle des inspecteurs.
Celui-ci avait répondu par un grognement habituel, convaincu qu’une fois de plus la réalité journalière aurait certainement le dessus sur les bonnes intentions du Commissaire.
Merle regarda par la fenêtre. Les employés de la ville balayaient les feuilles tombées des tilleuls, créant un amas glissant qu’ils s’efforçaient de ramasser, nonchalants, avec une pelle dans un tombereau. Au dehors, l’agent en faction piétinait le pavé avec le mince espoir de se réchauffer tout en regardant les passants presser le pas entre les étalages et les devantures de boutiques annonçant la prochaine braderie.
--- Un petit café patron ?
C’était la tradition du matin, la courte pause avant le début d’une journée, dont personne ne connaissait l’issue ni la durée. Comme chaque jour, elle serait ponctuée en fonction des évènements et c’est avec plaisir que chacun se prêtait à ce petit jeu. Ce matin, c’était Leclerc qui était de corvée.
Extrait de " La Belle marinière " Une enquête du commissaire Merle.
Editions Flagrant d'Elie 11/2010