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Le Blog de Michel Benoit
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Le Blog de Michel Benoit
24 octobre 2010

Ma Jeunesse

A l’orée du printemps que l’on appelle jeunesse,

Le temps parait si long, le ciel parait si bleu,

C’est dans une maison blanche, dont j’ai gardé l’adresse,

Qu’un soir de janvier j’ouvris enfin les yeux.

La rue des sept arpents ce n’était pas l’avenue Foch,

Et pourtant mes parents en ont bon souvenir,

Et c’est sur le trottoir tout près du métro Hoche,

Que je fis mes premiers pas vers l’avenir.

 

Puis vint un petit frère et le temps des copains,

Les départs en vacances vers d’autres univers,

La communale en brique et les premiers chagrins,

Le film du dimanche qui ne coutait pas cher,

La rue du Belvèdère c’était aussi dimanche,

Et la Rue Charles Lauth le samedi je crois,

Nous rêvions d’Amérique, de chevaux et de ranchs,

D’aventures dans les iles et nous n’avions pas froid.

 

C’est là que j’ai vécu en plein dans la tourmente,

De ces Anglos saxons qui étaient quatre je crois,

Et j’éprouvais pour eux une passion militante,

Car ces échevelés étaient pour moi les rois

Est ce Paul ou Ringo, les Spoutnicks ou Jagger,

Qui me donnèrent ce qui ne m’a jamais quitté,

C’est sur Help ou Michelle sur un coup de colère,

Que ma première guitare s’en trouva brisée.

Et puis,

Mon grand père nous quitta, un matin de novembre,

Pour la dernière valse, pour le dernier tango,

La mesure s’arrêta dans un coin de la chambre,

Comme s’arrêterait un air de fandango,

Je ne comprendrai jamais, je n’ai jamais compris,

Qu’on n’ait pu lui offrir un autre accordéon,

Une guerre lui donna un autre lui reprit,

Il ne revit jamais son piano à bouton.

 

Mon enfance à Pantin n’a pas connu la guerre,

Ni la faim, ni la peur, ni la misère aussi,

Le poulet du dimanche, rue du pont de pierre,

Avait gout de bonheur et d’aristocratie,

Pourtant ce n’était pas faute d’entendre mon père,

Qui parlait de la grève et de la répression,

Dans les dîners débats, seule se taisait ma mère,

Qui ne dit mot consent et elle avait raison.

 

A l’orée du printemps que l’on appelle jeunesse,

Le temps parait si long qu’on ne peut le palper,

On croque à pleine dents les fruits de l’allégresse,

Et l’on se fout pas mal de tout le monde entier.

Cette vie s’est consumée, bien sur, beaucoup trop vite,

Comme du bois de caisse et je t’ai rencontré,

Et j’écris aujourd’hui une page inédite,

Je vais avoir trente ans, une vie va commencer.

 

 

Michel Benoit

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Commentaires
N
Ah, le poulet du dimanche!! Je m'y revois aussi, et l'accordéon, c'était mon père qui en jouait. Ce poème , j'aurais pu l'écrire, mais avec certes, beaucoup moins de talent. Merci de cette belle évocation de nos années d'enfance dont je ne veux surtout par "guérir". Pourquoi d'ailleurs le voudrait-on ? Bises à toi.
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V
nostalgie , nul ne guérit de son enfance ....<br /> amitiés à bientôt véro
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M
Tous ces beaux souvenirs confirment ta sensibilité extrême, tu sembles les ressentir comme si tu les revivais en live... Beau poème qui me remémore, moi aussi, certains "morceaux" de ma vie d'enfant et d'ado... Merci de réveiller tous nos petits tiroirs secrets!
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J
Belle évocation de ta jeunesse, Michel !
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