Le temps de la Machine
Le temps de La Machine
C’était le temps où l’on travaillait à la mine,
C’était le temps où les polonais s’installaient,
Quand les wagons faisaient l’voyage vers la copine,
C’était le temps où les chinois se chinoisaient,
Y’avait Marceau avec sa mandoline
Qui nous chantait la chanson du grisou
On allait voir les filles d’la mère Aline
Qui en deux heures nous prenaient tous nos sous
C’était le temps où l’on travaillait à la mine,
C’était le temps où la CGTcégétait,
Quand m’sieur l’curé bénissait ceux de la mine,
C’était le temps où l’opium nous galvanisait,
Monsieur l’curé avec ses bonnes manières
Nous disait qu’il fallait qu’on soit absous
Que l’paradis viendrait après l’enfer,
Et en deux heures nous prenait tous nos sous.
C’était le temps où l’on travaillait à la mine,
C’était le temps où les wagonnets wagonnaient,
Quand Louis Roblin nous haranguait à La Machine.
C’était le temps où les Schneider s’embourgeoisaient,
Quand c’était fête on allait tous guincher,
Le samedi soir on dansait comme des fous
Les femmes parées, les hommes endimanchés
Et en deux heures on claquait tous nos sous.
C’était le temps, c’était le temps de La Machine,
C’était le temps, où la silicose s’immisçait,
Quand ma grand-mère faisait l’marché en crinoline,
C’était le temps où la toux nous accaparait,
Y’avait l'Dédé au café des mineurs,
Qui nous servait même quand on était souls
La bière amère coulait jusqu’à plus d’heure
Et en deux heures, nous prenait tous nos sous.
C’était le temps où l’on remontait de la mine,
C’était le temps, le temps d’avant la grande guerre,
C’était le temps où j’ai rencontré la Pauline,
C’était le temps, c’était le temps,
C’était le temps où la Machine machinait.
Michel Benoit