L'un naît, l'autre meurt.
L'un naît, l'autre meurt, question d'époque.
Question d'existence aussi, existentialisme me direz-vous ? Peut-être. Peut-être en effet que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions, en opposition à la thèse que ces dernières lui sont prédéterminées par quelconques doctrines théologiques, philosophiques ou
morales. L'existentialisme considère donc chaque personne comme un être
unique qui est maître non seulement de ses actes et de son destin, mais
également - pour le meilleur comme pour le pire - des valeurs qu'il décide d'adopter. Les valeurs de Jean-Pierre Harris étaient celles de l'amour de l'histoire, mais aussi d'une fidélité en amitié. De l'amour des hommes tout simplement.
J'avais rencontré Jean-Pierre Harris de nombreuses fois dans les salons du livre, il y a trois ans à Saint-Honoré-les-bains, plus récemment, au Salon des auteurs nivernais à Nevers alors que les Editions de l'Armançon venaient de publier son ouvrage sur " Antoine D'Estutt de Tracy " et le mien sur " 1793 La République de la Tentation ". Remettant son ouvrage sans cesse sur la planche de travail, il n'en finissait plus de corriger, de rajouter, d'affiner, en bon artisan du livre et amoureux des lettres, jour après jour. Nous devions nous rencontrer dans le cadre de mes enquêtes sur " Les grands évènements du nivernais au XX°siècle " mais son état de santé était déjà préoccupant. J'avais tant de questions à lui poser sur ce siècle en Nièvre qui le vit naître et devenir le professeur de philosophie qu'il fût, le défenseur de la Culture, l'homme engagé aussi. Une question me brûlait les lèvres, mais y aurait-il répondu, certainement pas...Là aussi, au nom de la fidélité envers celui qu'il suivit tout au long de sa carrière politique. A la fin de sa vie, François Mitterrand descendant du train l'emmenant vers Paris, s'était arrêté en gare de Nevers quelques minutes. Jean-Pierre Harris l'attendait sur le quai et les deux hommes avaient conversé quelques instants en tête à tête. Qu'avaient-ils pu bien se dire ? Ils savaient certainement qu'ils ne se reverraient plus.
Jean-Pierre Harris nous a quitté le 17 mai, le lendemain Florent Sainte Fare Garnot , jeune trentenaire, était élu Maire de la ville de Nevers suite à la démission de Didier Boulaud, il y a des cycles qui laissent des traces. L'un meurt, l'autre naît.