Conversation
Décors : Des
personnages sont à table, d’autres au salon et le dialogue s’installe entre-eux
à la grande surprise des oiseaux, installés confortablement sur l’antenne
parabolique :
-- Nous entrons dans l’avenir à
reculons, dit le Bon Sens.
-- Les affaires c’est l’argent des
autres, dit le député.
-- Oui, mais si l’argent ne fait pas
le bonheur, rendez-le ! dit le contribuable.
-- La politique est la science de la
liberté, dit le psychologue.
-- Peut-être, lui répond hautain le
garde des sots, mais les Français ne sont pas fait pour la liberté, ils en
abuseraient !
-- L’avenir est ce qu’il y a de pire
dans le présent, le pire reste à faire… dit le chômeur dans son coin.
-- Tous les espoirs sont permis à
l’homme, même celui de disparaitre, chantonne l’évêque en poignardant le
chômeur.
Le vent souffle.
-- Tous les malheurs de l’homme
viennent de l’espérance, lui répond l’anarchiste en lui brisant le crane
(l’évêque git dans son sang)
-- Les malheurs des autres nous sont
aussi indifférents à moins qu’ils nous fassent plaisir ! s’exclame la
bourgeoise, vidant sa tasse de café.
Un sage passe dans la salle sur des
patins à roulettes :
-- Le plaisir est le bonheur des
fous ! Le plaisir est le bonheur des fous !
Chante-t-il à tue-tête.
Dehors, on entend la voix d’un S.D.F
:
-- Si l’on bâtissait la maison du
bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente…
Dans le portefeuille du bourgeois,
deux billets s’interpellent :
-- Pour vivre heureux, vivons cachés
! dit l’un.
-- C’est la nuit qu’il faut croire à
la lumière ! Lui répond l’autre.
A cet instant, l’anarchiste appui
sur le détonateur de sa bombe et la maison explose à la grande surprise des
oiseaux.
-- Il y a plus de morts que de
vivants et ce sont les morts qui dirigeront ce pays à présent ! dit l’anarchiste
en agonisant.
Dans la rue, sous un porche éclairé
par un réverbère, deux amoureux s’enlacent tendrement et se jurent de s’aimer
toute la vie sous le regard moqueur des oiseaux, qui savent, eux….
Michel BENOIT