Babaud ou le prix de l'éternité
Voici un passage du texte que je pu lire au Conseil Général devant une assemblée d'élus et de notables, lors du lancement du tricentenaire de la naissance de Babaud de la Chaussade. Ecrire une pièce de théâtre sur un tel personnage sur commande paraissait bien compliqué, à moins que ce Babaud ne se transforme en vieillard obsédé par l'argent, par le pouvoir et que la mort étant proche, le jeu de dupe entre le vieil homme et le prêtre, dépositaire de la vérité biblique, s'installe, jusqu'à remettre en cause les fondamentaux d'une société qui, en fait, n'a que très peu changé :
En supplément de l’introduction à la pièce que j’ai
écrite au dos du fascicule reprenant le texte édité aux Éditions Guéniot, je
souhaitais aborder plus en profondeur certains points qui me paraissent
indispensables quant à la compréhension du texte.
C’est sans aucun doute une pièce subversive,
subversive non parce qu’elle dénonce les turpitudes de la société
d’aujourd’hui, qui étaient prévisibles déjà au XVIII ° Siècle, mais parce qu’elle
dérange. On n’en sort pas indemne !
Subversive et dérangeante voilà ces principales
qualités si l’on peut dire. Subversive parce qu’elle peint une société où
aucune entité ne passe à travers les mailles de la plume de l’auteur,
subversive parce que nul n’est épargné, ni la noblesse de l’époque revisitée,
ni la bourgeoisie qui n’a pas évoluée d’un pouce, ni le monde du travail qui
veut préserver ses droits et son savoir, son corporatisme imbécile, et qui se
créé lui-même une hiérarchie. Subversive parce qu’elle dépeint aussi la
religion telle qu’elle pouvait apparaître à cette époque à la veille d’un
bouleversement général qui se terminera 100 ans plus tard par la séparation de
l’église et de l’état.
Dérangeante, parce qu’elle regarde d’un œil critique ce
que la religion a fait de la croyance en un autre monde ; remise en
question de la religion ? J’oserai même dire des religions, où argent, accommodements,
bonnes affaires et pouvoir sont inséparables. Dérangeante parce que les
personnages mis en scène vont au-delà de leur vérité, et vont chercher les
sentiments au plus profond d’eux-mêmes. Le double jeu entre Babaud, Cornélie
d’une part et Babaud et le prêtre d’autre part en sont les meilleures preuves.