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Le Blog de Michel Benoit
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Le Blog de Michel Benoit
21 septembre 2008

SALON DU LIVRE DE BLIGNY SUR OUCHE

J'aurai le plaisir de vous rencontrer dans le cadre du « 10e Festival des Arts aux Couleurs de l’Automne » de Bligny-sur-Ouche, en compagnie des auteurs de Bourgogne. Ainsi qu’en 2006, ce dernier se déroulera le dimanche 28 septembre 2008, dans la grande salle des fêtes de Bligny-sur-Ouche. Ce Salon sera ouvert de 10h à 19H et j'y dédicacerai mon dernier ouvrage : 1793 La République de la Tentation, publié aux Editions de l'Armançon.

Bligny-sur-Ouche est un petit bourg très pittoresque, situé dans la haute vallée de l'Ouche, à quelques 20 kms de Beaune. On peut admirer l'ancienne chapelle du Château de Bligny, l'église Saint-Germain-d'Auxerre datant du XIII°siècle, son lavoir, ses maisons anciennes et l'ancien relai de diligence devenu un restaurant.
Le Musée du Chanvre situé dans une très ancienne maison commune est le seul en France à être consacré à la culture, la récolte et aux différents outils nécessaires au traitement et à la transformation de la plante.

Toutefois, dans l'enceinte même, devenue la Salle des Fêtes, où aura lieu le Salon du Livre, vous pourrez admirer un tableau giganstesque, fresque historique peu banale du XIX°siècle, léguée à la ville de Bligny vers les années 1880 et destinée à rappeler aux habitants de la commune, la levée en masse pour combattre l'ennemi envahisseur en 1792 ( préparation Psychologique d'une revanche annoncée dont l'issue sera la grande guerre de 14/18 ). On peut y voir, côte à côte, de grandes figures historiques dans des situations surprenantes, échappées de l'imagination du peintre qui, sans aucun doute, a un ou des messages à nous transmettre par delà cette toile immense qui couvre l'un des quatre murs de la salle.

Il y a quelques temps et à la demande de Michèle BARBIER , Maire de Bligny-sur-Ouche, j'avais fais une rapide étude de cette toile et je vous en livre quelques brides pour le plaisir:

Photo_011Alors que Victor Hugo, le plus grand des écrivains du XIX° siècle, s'éteignait, qu'Emile Zola publiait Germinal et que la statue de la Liberté faisait son entrée dans le port de New York, l'Etat Républicain faisait don d'une peinture à la ville de Bligny sur Ouche. Nous sommes en 1885 et les Bélinéens allaient pouvoir contempler sur une même toile, à l'identique des images d'Epinal chères à Jules Ferry, les principaux protagonistes qui, cent ans plus tôt, occupaient le devant de la scène politique en France. Cette peinture du XIX° siècle rassemble pèle-mêle ces grands personnages historiques ayant joué un rôle essentiel durant la période révolutionnaire qui débouchera par la proclamation de la 1er République.

Ceux-ci sont regroupés sous un chapiteau qui ressemble tout à fait à celui utilisé pendant la fête de la Fédération le 14 juillet 1790, anniversaire de la prise de la Bastille, élevé sur le Champs de Mars, on peut distinguer au fond de la toile l'une des tours de Notre Dame de Paris, ce qui n'est pas sans surprendre puisque ces deux endroits sont diamétralement opposés, mais qui peut paraître logique, le peintre ayant voulu certainement concentrer sur sa toile des lieux ayant joué un rôle important durant cette période.

Sous le chapiteau, au fond, une table nappée est dressée et plusieurs personnes y sont attablés, ce sont des secrétaires ou des députés qui rassemblent des listes de signatures de volontaires s'engageant à rejoindre les bataillons républicains en partance pour les frontières où vont bientôt s'engager des combats sanglants et dont le sort de la jeune République est liée.

C'est la levée en masse aux armées. On pourrait situer cette scène à Août 1792.

Le peintre, dans un souci de liberté totale, laisse vagabonder son imagination tant sur l'attitude des personnages représentés que sur les dates et les lieux où ceux-ci se seraient distingués. Cette toile est donc irréelle, puisque les personnages dépeints n'ont, pour beaucoup d'entre-eux, jamais figurés ensemble dans une telle scène et ne pouvaient être les uns près des autres à l'époque où le peintre situe la scène. C'est d'ailleurs ce qui fait toute son originalité. L'exemple le plus frappant est la représentation de Saint-Just, en habit rouge, celui-ci ne pouvant être présent à cette époque puisqu'il n'était pas encore député de l'Aisne en 1790 du fait de son trop jeune âge.

Au fond du tableau, à gauche, des femmes sont représentée dans une tribune. Leurs robes nous indiquent qu'elles sont des personnalités de premier plan. L'une d'elle au centre est certainement la Reine Marie-Antoinette et l'enfant reposant sa tête sur son épaule, le dauphin Louis, celui que l'on appellera Louis XVII. A gauche de la Reine, on peut apercevoir Mme de Lamballe, l'amie de la Reine, qui sera décapitée lors des massacres de septembre 1792 à Paris.

A droite une affiche faite de tissus ou de toile où sont inscrits des mots entourés de lauriers " La Patrie ou la Mort ".

Au dessous, un homme à cheval. Il est entouré sur sa gauche par des personnages représentant le peuple et sur sa droite des conseillers ou des membres du Tiers Etat. Les femmes à gauche ont amené leurs enfants et l'implore tandis qu'à droite les personnages restent stoïques et résignés. Le personnage à cheval est important puisque son cheval est blanc, le blanc rappelant le drapeau de la monarchie, c'est le Roi Louis XVI qui est donc représenté. L'écharpe tricolore est à sa ceinture en guise de reconnaissance du nouveau régime, tout comme il avait accroché la cocarde tricolore à son bonnet. Il fait un geste apaisement de la main à la foule alors que l"on aperçoit au milieu des femmes un homme déguisé en femme ( ce qui rappelle la marche des femmes sur Versailles où de nombreux hommes s'étaient travestis en femme pour se joindre à elles ). Il brandit une hache en direction du Roi en guise de mécontentement.

Près du Roi, un autre personnage également à cheval en habit militaire. C'est le général Dumouriez futur vainqueur des armées coalisées. Près de lui, en habit noir avec l'écharpe à la ceinture; Robespierre. Il tient la main de l'homme en habit rouge qui est Saint-Just. Ce signe d'amitié les différencie des autres personnages de cette peinture. Amitié fraternelle, amitié politique, amitié devant les forces du destin...

En haut, à la hauteur du général à cheval, Danton est représenté aux côtés de Camille Desmoulins qui brandit son bras en signe d'impuissance devant ce rassemblement.

Sur le devant de la scène, la garde nationale. Une femme s'approche des soldats avec son nourrisson en signe d'adieu et de désespoir.

En haut, à peine visible, fondu parmi la fumée et les nuages, un tout jeune homme lève le point juché sur ce qui pourrait être une barricade; c'est Gavroche. Une fois de plus nous dépassons l'espace-temps. Comme si le peintre voulait mêler les évènement de 1830 à ceux de 1792.

A l'extrême droite, Jacques Hebert, plus connu sous le nom du Père Duchesne.Journaliste et membre de la Commune de Paris en 1792, il représente la partie extrême de la révolution et est favorable à la guerre. Il désigne du doigt la direction où doivent s'engager les volontaires partant à la guerre.

Au sol près de lui, une plaque d'égouts assez surprenante, celles-ci existaient-elles sous cet aspect ? Certes non. C'est donc un symbole qui laisse penser que la direction prise par les jeunes recrues est celle du gouffre ( ces jeunes soldats seront enrôlés pour les plus chanceux pour plus de 25 ans jusqu'en 1815 ). A moins que le peintre veuille donner par cette issue par les égouts, une ultime chance de fuite à ceux qui partent à la guerre.

Michel BENOIT


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