L'ETOILE DE MER

C'est une station balnéaire,
A quelques minutes de la mer,
Le séjour y est salutaire,
On y vante son atmosphère,
Commerçants, bourgeois et notaires,
Hôteliers aux affaires prospères,
Vivaient tranquille mais ne parlaient
Jamais de l'Etoile de mer.

Aucune route n'y menait,
Aucun panneaux de l'indiquait,
De l'autre côté des pins, cachée,
Elle était de tous ignorée.

Les vacanciers, les citadins,
Pour la plupart parisiens,
Blanc-bec par encore rougis,
Par le soleil du midi,
Venus par le chemin de fer,
Ou en auto pour se distraire,
Dans le village salutaire,
Tout près de l'Etoile de mer.

Aucune route n'y menait
Aucun panneau ne l'indiquait,
De l'autre côté des pins, cachée,
Elle était de tous oubliée.

Débiles profonds, condamnés,
Jeunes enfants inadaptés,
Dans une bâtisse de briques,
Immense, raide et pratique,
Se baladant quelques fois,
Le dimanche, ça va de soi,
Prenaient du plaisir à fouiller,
Dans les poubelles de la citée.

Aucune route n'y menait,
Aucun panneau ne l'indiquait
De l'autre côté des pins, cachée,
Elle était de tous ignorée.

Les braves gens de la cité,
Les paysans, les vacanciers,
Commerçants pas du tout contents,
Faux démocrates, faux tolérants,
Faux corbeaux de messe, faux culs,
Pauvres hères aux âmes perdues,
Politiciens tremblant de peur,
De paumer tous leurs électeurs.

Pensaient qu'il fallait en finir,
Et surtout ne pas se salir,
Impossible de cohabiter,
Avec tous ces handicapés.

Les pétitions allaient bon train,
Afin d'expulser les gamins,
Pour adieu seigneur, donnez leur,
Une messe, et qu'ils aillent ailleurs,
Les enfants, les éducateurs,
Furent expulsés de la demeure,
L'ancien couvent désinfecté,
Et la grand plage nettoyée.

C'était une station balnéaire,
A quelques minutes de la mer,
Le séjour y était salutaire,
On y vantait son atmosphère,
Commerçants, bourgeois et notaires,
Hôteliers aux affaires prospères,
Vivaient tranquille, mais ne parlèrent,
Jamais plus de l'Etoile de mer.

Michel BENOIT