1793 LA REPUBLIQUE DE LA TENTATION
1793
La République de la Tentation
Nous étions en décembre 2003
et, en tant que membre de la Société des Auteurs de Bourgogne, venant de faire éditer un
livre retraçant les derniers jours de Saint-Just, je goûtais le plaisir des
rencontres avec mes lecteurs au salon du livre de Dijon. Tout se passait pour
le meilleur des mondes lorsqu’un homme, déterminé, un tantinet provoquant dans
le regard et sur de lui, m’interpella en se dressant devant ma table. Il me
désigna mon ouvrage sur Louis Antoine St Just de l’index et me déclara à ma
grande surprise :
- Vous venez
d’écrire un livre sur celui qui a fait guillotiner mon ancêtre !
Cet instant magique, quel
historien ne l’avait pas souhaité un jour secrètement, c’était toute la magie
des rencontres pouvant survenir au cours d’un salon.
Cette brutale entrée en matière
me laissait songeur sur la suite de notre conversation et, après un instant de
réflexion, je lui demandai son nom afin de tenter d’identifier un quelconque
lien entre mon individu et l’un des nombreux condamnés à mort ayant fait
connaissance avec Sanson et sa "louisette" sous la terreur. Celui-ci se
présenta sous le nom de Pierre-André J… et,
toujours aussi provoquant, mais à présent un temps soit peu agressif, il me donna
son opinion sur l’illustre nivernais dont j’avais relaté les derniers instants.
Nous n’étions pas vraiment
d’accord et nous parlâmes plusieurs longues minutes avant qu’il ne me dévoila
le nom de son ancêtre, si cher à son cœur et dont il défendait la mémoire avec
tant de vergue.
- Je descends de
Claude Bazire, me dit-il, par la famille de ma mère, sa grand-mère était
Claire, la fille du député de la d’Or !
Si la vie privée de Claude
Bazire était pour moi tout à fait inconnue, son parcours durant la révolution
française et ses amitiés avec Danton et Chabot, dont il devait partager le sort,
ne présentaient aucun secret pour moi.
Intrigué par cette rencontre
inopinée, j’avais conscience qu’à compter de cet instant, l’écrivain devait
laisser la place au chercheur, et, tel Rouletabille, fiévreux, déterminé, et
certain que cette nouvelle rencontre allait me procurer le document ;
celui dont personne n’a jamais eu connaissance, j’obtenais que nous échangions
nos adresses afin de nous revoir rapidement.
lQuelques mois plus tard, au
cours d’un déjeuner, je me livrai à la confidence ultime pour un auteur ;
j’écrirai sur son célèbre ancêtre. Je m’empressai pourtant d’ajouter que mes
conclusions sur le rôle qu’avait joué Claude Bazire dans l’affaire de la Compagnie des Indes ne
pourraient en aucun cas être influencées par quelque amitié que ce fut. Après
nous être entendu sur ce point d’honneur, je m’écriai :
Va pour l’histoire !
1793 La République de la Tentation aux Éditions de l'Armançon
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